14
juil
2016
Espace Média L'Ifri dans les médias
Laurence NARDON, Chronique parue dans l'hebdomadaire Réforme

De par le monde : La presse américaine

La presse aux États-Unis et ses rapports avec le monde politique.

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Tous les étudiants en journalisme entendent parler de l’affaire du Watergate comme d’un triomphe du journalisme d’investigation sur la corruption. Sorti en 2015, le film Spotlight raconte
pour sa part comment le scandale des prêtres pédophiles de Boston fut dévoilé par une équipe d’enquêteurs du Boston Globe. Usant de la liberté d’expression garantie par le 1er amendement à la Constitution, le « quatrième pouvoir » joue le rôle précieux d’un justicier dans le système
américain.

 

Mais la presse américaine est-elle toujours à la hauteur ? L’attitude du très réputé New York Times au lendemain du 11 septembre pose la question. Alors que l’administration Bush menait
campagne pour justifier l’invasion de l’Irak, le quotidien et sa journaliste-star de l’époque Judith Miller, emboîtèrent le pas pour annoncer que les armes de destruction massive irakiennes
existaient bel et bien. Les excuses présentées par le journal en mai 2004 furent discrètes…

 

La campagne présidentielle de 2016 montre une nouvelle dérive, avec un soutien de fait apporté par les médias du pays à la candidature de Donald Trump. Depuis plus d’un an, les
rodomontades du candidat populiste ont été couvertes à satiété par la presse et la télévision, lui apportant une publicité massive et gratuite. Tous n’ont pas cherché à corriger ou filtrer ses propos parfois incendiaires, parfois fantaisistes.

 

Tout se passe comme si l’exactitude factuelle des propos que tiennent certains politiques et que rapportent les médias comptait moins désormais que la perception d’une authenticité chez celui qui les exprime. Ce qui fait le succès de Trump auprès de ses fans, par exemple, c’est le sentiment qu’il parle avec spontanéité, sans calcul.

 

La multiplication des réseaux sociaux et des blogs, qui permettent à tout un chacun de raconter n’importe quoi, renforce cette évolution. Serions-nous entrés dans un monde « post-vérité » ? C’est la thèse du journaliste américain Ralph Keyes dans un ouvrage récent.

 

Mais, avec le pouvoir, vient la responsabilité. Les médias doivent s’efforcer de rester objectifs, ne pas se contenter de relayer sans explication la colère des politiciens.Capable du meilleur, la presse américaine ne doit pas relâcher sa vigilance.

Mots-clés
politique intérieure Etats-Unis