31
mai
2010
Espace Média L'Ifri dans les médias

Les démocraties occidentales ont-elles déjà perdu en Afghanistan ?

L’Afghanistan vient de coûter sa démission au président fédéral allemand. De retour de ce pays où 4 500 de ses soldats sont stationnés, Horst Köhler n’avait-il pas déclaré : « un engagement militaire peut être nécessaire pour protéger nos intérêts, par exemple la liberté des voies commerciales. » Le président Köhler a eu beau protester qu’il visait les pirates somaliens et non les talibans, l’impopularité de l’engagement en Afghanistan est tel, en Allemagne, que la démission du président est devenue la seule issue.

De son côté, l’ancien ministre allemand des Affaires Etrangères, Joschka Fischer écrit sur le site Project Syndicate : « Le coût d’une retraite occidentale est prévisible : nous aurions à faire face à plusieurs menaces qui ne disparaîtraient pas si nous nous retirions d’Irak et d’Afghanistan : le terrorisme, le radicalisme islamiste, les menaces nucléaires (Pakistan, Iran), les guerres par procuration et les conflits régionaux, sans oublier la désintégration imminente de pays comme l’Irak, l’Afghanistan et même le Pakistan. Ce qui veut dire qu’on ne peut pas retirer nos troupes, mais seulement redéployer le front plus à l’ouest. »

Le président Obama s’est beaucoup engagé dans la guerre en Afghanistan. En augmentant de 21 000 hommes supplémentaires le contingent américain, il a fait le pari que cette guerre pouvait être gagnée. Mais a-t-on jamais vu une stratégie contre-insurrectionnelle l’emporter dans un pays qui sert de champ de bataille à ses voisins les plus puissants ? Faut-il quitter l’Afghanistan ? Comment éviter l’enlisement ? Les Etats-Unis, en crise, ont-ils encore les moyens politiques et financiers de poursuivre longtemps cette guerre ? L’Europe, où les opinions publiques se lassent d’opérations lointaines et meurtrières, poussent au désengagement, doit-elle admettre la défaite ? On en discute avec nos invités.

Invité(s) :
Philippe Leymarie, collaborateur au Monde Diplomatique
Etienne de Durand, directeur du centre des études de sécurité de l'Institut français des relations internationales (Ifri) et professeur à l'Institut d'études politiques de Paris. 
Gérard Chaliand, géostratège, spécialiste de l'étude des conflits armés et des relations internationales et stratégiques