Femmes d'Iran, un an après
Au moment où le régime paraît affaibli, l’Iran signe son retour dans le jeu international. Le président iranien sera à New York la semaine prochaine pour participer à l’Assemblée générale des Nations Unies. Verra-t-on là encore se cristalliser une nouvelle recomposition de l’ordre international ?
Mahsa Amini avait 22 ans. À Téhéran, dans la rue, son foulard, obligatoire, a glissé sur ses cheveux, la police des mœurs l’a arrêtée, brutalisée, et elle est morte. C’était il y a un an tout juste, le 16 septembre 2022. Aussitôt, partout dans le pays, un immense mouvement de révolte a soulevé la population, les femmes d’abord, mais aussi les hommes, toutes générations confondues. Le régime a riposté à coup de balles réelles contre les manifestants, des milliers de personnes ont été emprisonnés, certains ont été pendus – en un an, plus de 500 morts. Aujourd’hui, pour empêcher toute commémoration, à Téhéran et dans les grandes villes, comme dans la province kurde dont était originaire Mahsa, les Gardiens de la révolution et la police ont durci les contrôles, multiplié les arrestations arbitraires, y compris dans sa famille.
La guerre en Ukraine sert les objectifs de Téhéran
L’économie est dans une situation catastrophique, l’inflation frôle les 200 %. Comment la société iranienne vit-elle et survit-elle aujourd’hui, comment s’exprime la contestation de l’ordre religieux imposé depuis quarante-quatre ans par les ayatollahs ? "Vivre sans compromis" peut-on lire sur les réseaux sociaux – que veut dire ce slogan, y a-t-il un début d’opposition politique ? Paradoxalement, au moment où le régime paraît affaibli, l’Iran signe son retour dans le grand jeu régional et international : réconciliation avec l’Arabie Saoudite et adhésion aux BRICS sous le patronage de la Chine, tractations avec les États-Unis qui débloquent six milliards en échange de prisonniers américains détenus de longue date, ralentissement du programme nucléaire d’enrichissement d’uranium. Où en est le régime des sanctions imposées par les Occidentaux, dont la population semble être la première victime ? Téhéran resserre ses liens avec Moscou : drones contre pétrole – la guerre en Ukraine sert ses objectifs. Le président iranien sera à New York la semaine prochaine pour participer à l’Assemblée Générale des Nations Unies. Verra-t-on là encore se cristalliser une nouvelle recomposition de l’ordre international ?
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