26
aoû
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Forces démocratiques syriennes (FDS) aux côtés de l'armée américaine en Syrie.
Héloïse FAYET, citée par Iris Lambert dans La Croix

Le nord de la Syrie, théâtre de la lutte d’influence entre l’Iran et les États-Unis

Après avoir procédé à un bombardement aérien, mardi 23 août, sur des bases de milices pro-iraniennes dans le nord-est de la Syrie, les États-Unis ont indiqué jeudi 25 août avoir répliqué à des tirs de roquette ciblant des sites américains.

La Croix
Pourquoi les États-Unis et l’Iran s’opposent-ils militairement dans le nord de la Syrie ?

Davantage que les affrontements directs entre les États-Unis et l’Iran, les échanges de tirs concernent les forces américaines présentes dans la zone pour entraîner l’opposition à Bachar Al Assad menée par les Forces démocratiques syriennes (FDS) et des groupes plus ou moins proches de Téhéran (des « proxys »).

D’après des observateurs, les tirs américains auraient ciblé le camp Ayash, dirigé par le Fatimiyoun, « une milice directement envoyée en Syrie par l’Iran, composée d’Afghans hazaras », précise Héloïse Fayet, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri).

L’Iran a nié être lié à ce groupe. Bien que financées et entraînées par les Gardiens de la révolution, « il est tout à fait possible que le commandement et le contrôle de ces milices soient en partie indépendants et qu’ils ne demandent pas d’autorisation directe à Téhéran pour mener ce type d’opération », remarque la chercheuse.

L’objectif principal de ces milices est le retrait des Américains de la région. Elles mènent une stratégie de harcèlement en tirant régulièrement des roquettes sur les bases américaines, comme cela a été le cas ces derniers jours. Un porte-parole de l’opération américaine « Inherent Resolve » a indiqué qu’une trentaine d’attaques avaient été répertoriées dans la zone opérationnelle des forces américaines en Syrie et en Irak depuis le début de l’année.

Quels sont les objectifs iraniens dans la région ?

La présence militaire iranienne dans la zone date de 2011 et du début de la guerre en Syrie. L’objectif immédiat de Téhéran était d’assurer le maintien au pouvoir de son allié Bachar Al Assad. Mais plus largement, l’Iran projette au Moyen-Orient « la sanctuarisation d’une zone d’influence face à l’Arabie saoudite, qui lui permettrait notamment d’exporter l’idéologie chiite de la Révolution islamique », explique Héloïse Fayet.

La région de Deir Ez-Zor (nord-est de la Syrie), ciblée par les forces américaines mardi 23 août, est un point de passage stratégique pour l’Iran qui permet une continuité terrestre jusqu’au Liban et facilite le transfert d’équipement à ses alliés du Hezbollah.

L’autre objectif poursuivi par Téhéran est le maintien d’une présence militaire à la frontière avec Israël, avec qui l’Iran mène une « guerre de l’ombre » depuis plusieurs années. D’une certaine manière, cibler les Américains s’inscrit également dans cet affrontement hybride avec Israël, dans la mesure où, souligne Héloïse Fayet, « l’État hébreu et les États-Unis sont considérés comme intimement liés ».

Mais la présence iranienne n’est pas que militaire. Téhéran travaille à déployer son « soft power » économique et social dans la région : « Les Iraniens financent beaucoup de mouvements de jeunes religieux comme les scouts, entretiennent les mosquées et les lieux de culte chiites, investissent beaucoup dans le culturel, les médias… », énumère la chercheuse.

Les milices iraniennes constituent aussi une alternative intéressante en matière d’emploi : alors que l’armée syrienne à Deir Ez-Zor paie un salaire mensuel de 27 000 livres syriennes (7,5 dollars), les milices pro-Iran offrent en général le double.

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Guerre en Syrie Interventions militaires occidentales politique étrangère iranienne Etats-Unis Iran Syrie