18
mar
2024
Espace Média L'Ifri dans les médias
Tatiana KASTOUEVA-JEAN, citée par Benjamin Quénelle dans Les Echos

Réélu avec plus de 87 % des voix, Vladimir Poutine repart à l'offensive

Au pouvoir depuis 2000, le chef du Kremlin a remporté sa cinquième élection présidentielle avec des résultats battant tous les records, y compris de participation (75 %). Sa priorité : le conflit en Ukraine.

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Après un quart de siècle déjà au pouvoir, Vladimir Poutine vient de battre tous ses records. Le chef du Kremlin, 71 ans, a été réélu dimanche pour un nouveau mandat de six ans et devrait donc dépasser Joseph Staline en termes de longévité au pouvoir.

Pour sa cinquième élection , il a obtenu plus de 87 % des voix, selon les derniers résultats publiés tôt ce lundi matin, sur 99 % des bulletins dépouillés. La participation est annoncée à un taux pareillement record au niveau national, frôlant les 75 %.

Très loin devant le candidat communiste Nikolaï Kharitonov et Vladislav Davankov, représentant du parti « Nouvelles gens » orchestré par le régime pour séduire l'électorat libéral, avec quelque 4 % chacun, Vladimir Poutine fait mieux qu'à ses deux précédentes présidentielles de 2012
(64 %) et 2018 (76 %). Le chef du Kremlin, élu pour la première fois en 2000 avec 53 % des voix, gagne désormais plus de dix points supplémentaires à chaque scrutin. A ce rythme-là,
il se rapprochera des 100 % en 2030 lorsque, selon la réforme constitutionnelle qu'il a lui-même orchestrée, il pourra à nouveau se présenter pour rester au pouvoir jusqu'en 2036. Il aura alors 83 ans.

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Dictature

« Le résultat volens nolens de Poutine démontre qu'il s'agit d'une dictature. Dans aucun autre système, ce genre de résultat n'est possible. Il s'agit d'un pur référendum, pas d'élections.
Le taux de participation très élevé est à lui seul la caractéristique d'un système politique anormal », prévient Andreï Kolesnikov, l'un des rares politologues indépendants encore présents en Russie. Pour le chef du Kremlin, ex-agent du KGB, mais juriste de formation, il était d'autant plus important de respecter les formes constitutionnelles que le résultat de la présidentielle doit désormais servir de base légale pour justifier ses futures politiques.

« Le résultat est sans surprise, Poutine avait besoin de convaincre et de s'autoconvaincre du soutien de la population à la guerre et de l'acceptation de ses conséquences. Il a désormais carte blanche pour toute action qu'il décide de mener… », rappelle ainsi, à Paris, Tatiana Kastouéva-Jean, du Centre Russie/Eurasie à l'Institut français des relations internationales.
« Ces 'élections' ne le sont pas vraiment : toute une machine administrative travaille au simulacre pour pouvoir afficher le résultat recherché sans candidats indépendants, sans oppositions et sans liberté des médias ».

 

Pressions et surveillances

Avant et pendant le scrutin, les ressources administratives ont ainsi été massivement déployées pour doper la participation - et le score de Vladimir Poutine. Partout dans le pays, les pressions et les surveillances ont été multiples : administrations locales et entreprises publiques, dont les chefs doivent envoyer des rapports précisant qui a voté et quand, ont pendant tout le week-end rappelé chacun à ses devoirs civiques.

Cela passe aussi par les écoles. Exemple parmi d'autres, confié aux « Echos » par une habitante d'une grande ville du centre de la Russie : « Cela fait trois jours que le responsable de la classe de ma fille poursuit tous les parents d'élèves. Sur le tchat WhatsApp des mamans, il vérifie qui a voté, demandant même pour les maris et les grands-parents. »

 

« Midi contre Poutine »

Les observateurs, eux, ont été réduits au minimum. Golos, l'ONG spécialisée dans les élections, a été interdite. Plusieurs observateurs indépendants ont été interpellés alors que, sur les réseaux sociaux, ont circulé les premières vidéos démontrant des bourrages d'urnes. « Nous pouvons voir que les dépouillements ont été effectués très rapidement. Dans un bureau de vote, cela a pris quatorze minutes ! C'est impossible si on veut bien respecter toutes les procédures », raconte aussi un observateur contacté par les « Echos » dans l'une des banlieues de Moscou.

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> Lire l'article dans son intégralité sur le site des Echos

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guerre en Ukraine Vladimir Poutine Russie