10
sep
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Marc JULIENNE, cité par Antonin Marsac pour Libre Eco

Taïwan-Chine, à l’aube d’un conflit majeur

Alors que la guerre menée en Ukraine par la Russie est dans tous les esprits, un autre conflit potentiel pointe le bout de son nez : celui qui pourrait se dérouler à Taïwan, avec la Chine dans le rôle de l’envahisseur.
 

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L’île a d’ailleurs toujours été revendiquée par la République populaire de Chine, depuis sa “création” lors de la fuite sur celle-ci du dirigeant chinois Tchang Kaï-chek, chassé par les communistes, en 1949.  Mais, si Taïwan, aussi appelée “République de Chine”, est si attirante pour la Chine, c’est pour plusieurs raisons. D’abord technologiques et économiques, ensuite géostratégiques et enfin idéologiques. Ces intérêts cumulés viennent en perturber d’autres, ceux des États-Unis, qui voient en Taïwan un moyen de contenir la puissance chinoise qui, elle, rêve de les détrôner de leur place de première puissance mondiale. 
Très récemment, les Américains ont d’ailleurs vendu pour plus d’un milliard de dollars d’armement à Taïwan.

“Le montant peut sembler élevé mais ce n’est pas un record. Il s’agit de vente de missiles harpoons, sidewinders et de maintenance de système radar, il n’y a rien d’étonnant. Ces missiles sont dans l’arsenal taïwanais depuis des décennies”, commente à ce propos Marc Julienne, chercheur, responsable des activités Chine et Centre Asie de l’Ifri (Institut français des relations internationales).

Mais il reconnaît que la Chine pourrait utiliser cette vente en argument contre les États-Unis. Ces mêmes États-Unis qui affichent clairement un renforcement de leur soutien à Taïwan. “L’objectif est le même qu’avec la visite de Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants aux États-Unis, cet été à Taipei”, signalet- il. Depuis 1979 et la Taiwan Relations Act, les États-Unis maintiennent volontairement une ambiguïté stratégique autour de Taïwan.

“L’objectif de cette loi de 1979 était, à l’époque, de créer une sorte de brouillard pour que Pékin ne se sente pas les mains libres pour envahir Taïwan le jour où elle en aurait les capacités militaires ; mais de l’autre côté, c’était aussi pour ne pas signer un chèque en blanc à Taipei avec une indépendance totale”, précise-t-il.

Vers un conflit armé entre États-Unis et Chine ? 

Pour Marc Julienne, l’ambiguïté, justement, diminue et les États-Unis seraient prêts à s’engager dans un conflit armé en cas d’invasion de l’île par les Chinois. 
“Certains répondraient que les mères des soldats américains n’accepteraient pas que ces derniers aillent mourir pour Taiwan. C’est d’ailleurs un argument porté par les stratèges à Pékin, qui pensent que les États-Unis sont une puissance déclinante, comme tous leurs alliés occidentaux, et qu’ils ne seraient plus capables de faire la guerre contre une grande puissance et a fortiori nucléaire”, glisse-t-il, alors qu’ils se “dépatouillent” sans y arriver dans leur guerre contre le terrorisme. “Mais, personnellement, je pense qu’ils interviendraient car les enjeux sont beaucoup trop importants. Ils sont presque vitaux. Ils touchent à leurs intérêts sur le moyen et le long terme”, rétorque-t-il. 

La menace directe pour les Américains 

Pour Marc Julienne, la première menace serait géostratégique. Laisser la Chine prendre possession de Taïwan, ce serait la laisser avoir un accès au Pacifique incognito pour ses sous-marins. Car, pour le moment, elle doit passer par des eaux territoriales étrangères.

“Grâce à cet accès, la Chine pourrait diluer ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins dans le Pacifique et se rapprocher des côtes américaines. Ça permettrait de développer leur allonge dans la dissuasion nucléaire”, explique-t-il.

Cela permettrait également de menacer le Japon et la Corée du Sud, toujours sous protection américaine.

 

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20e Congrès du Parti communiste chinois (PCC) Rivalité sino-américaine Stratégie américaine Stratégie chinoise Chine Etats-Unis Taiwan