16
oct
2023
Espace Média L'Ifri dans les médias
Alexandros Michailidis/Shutterstock
Denis BAUCHARD, article paru dans la revue Esprit

Vers un embrasement du Moyen-Orient ?

L’opération « Déluge d’Al-Aqsa » lancée par le Hamas a brutalement focalisé l’attention sur un  Moyen-Orient en chaos. Elle constitue pour la population israélienne un choc sans précédent. Les comparaisons avec le 11-Septembre, Pearl Harbor ou la guerre du Kippour témoignent de l’ampleur du traumatisme subi.

esprit.png

L’opération « Déluge d’Al-Aqsa » lancée par le Hamas a brutalement focalisé l’attention sur un  Moyen-Orient en chaos. Elle constitue pour la population israélienne un choc sans précédent. Les comparaisons avec le 11-Septembre, Pearl Harbor ou la guerre du Kippour témoignent de l’ampleur du traumatisme subi. En effet, pour la première fois depuis son indépendance, Israël connaît la guerre sur son sol avec des commandos du Hamas (1 500 hommes) qui ont franchi sans difficulté le dispositif de défense israélien, indistinctement civils et militaires, et pris de nombreux otages dans un pays qui se croyait à l’abri de toute attaque arabe. Ces actions terroristes, d’une ampleur inédite et susceptibles d’être qualifiées de crimes de guerre, ont contribué à créer dans la population le sentiment qu’Israël, malgré la force de son armée, reste vulnérable.

Un choc sans précédent

Depuis la fin de Seconde Intifada en 2005, Israël a certes connu des tensions, notamment autour de l’esplanade des Mosquées, des attentats sporadiques relevant souvent d’initiatives spontanées, des tirs périodiques de roquettes venant de Gaza et, de façon inédite, des incidents qui avaient impliqués des Arabes israéliens. Mais un climat de normalité prévalait. L’Autorité palestinienne, décrédibilisée, était sous contrôle ; la question palestinienne était qualifiée de « conflit de basse intensité ». La colonisation en Cisjordanie se poursuivait sans heurts majeurs et la nouvelle majorité pouvait envisager l’annexion d’une partie de la Judée-Samarie. La seule menace, qualifiée d’« existentielle » venait d’Iran, avec lequel une guerre de l’ombre se développe, y compris sur le territoire iranien et, plus ouvertement, en  Syrie et au Liban où les milices du Hezbollah et des cibles iraniennes sont régulièrement visées. Israël était d’autant plus serein que les pressions américaines ou européennes en faveur d’un processus de paix s’affaiblissaient et que de nombreux pays arabes se désintéressaient du sort des Palestiniens et normalisaient leurs relations avec Israël. Par ailleurs, l’attention de l’opinion était focalisée depuis plusieurs mois sur la grave crise de politique intérieure suscitée par la réforme de la Cour suprême.

Cette attaque massive marque le réveil brutal et tragique de la question palestinienne qui, trente ans après les accords d’Oslo, n’est pas toujours réglée, la mise en œuvre de ces accords ayant été suspendue depuis l’assassinat de Rabin. Après l’échec du sommet pour la paix au Proche-Orient de Camp David en 2000, les négociations n’ont jamais repris sérieusement faute de volonté politique, la solution des deux États étant exclue par la majorité au pouvoir en Israël. Par cette action, et malgré sa brutalité, le Hamas prend le leadership aux yeux des Palestiniens et des opinions publiques arabes au détriment de l’Autorité palestinienne, déjà largement discréditée.

Et pourtant, la bande de Gaza et ses 2,3 millions d’habitants, « prison à ciel ouvert » gérée par le Hamas, émanation palestinienne des Frères musulmans depuis 2007, était une bombe à retardement évidente. À cet égard, la politique israélienne s’est montrée quelque peu ambiguë, voire complaisante. Elle était pourtant dénoncée dès 2006 par quelques observateurs lucides. Cette politique était d’autant plus surprenante que le Hamas affichait dans sa charte sa volonté de détruire l’État d’Israël.

 

[...]

 

Lire l'article intégral dans la revue Esprit

Mots-clés
conflit israélo-palestinien Territoires palestiniens Israël Moyen-Orient Palestine