09
oct
2015
Expert

Turquie : la continuation de la politique par d'autres moyens

Cela faisait trois ans que l'on pouvait croire à la paix. La sale guerre avait débuté en 1984, entre les partisans d'Abdullah Öcalan, le leader charismatique du PKK, dont la doxa marxiste léniniste était incontestée, et l'armée turque.

Elle aura fait plus de 45.000 morts en trois décennies et depuis 2012 des pourparlers de paix étaient officiellement ouverts.

Ainsi, le 28 février dernier était signé ce document, jusqu'alors improbable, cette feuille de route en dix points qui auraît dû, qui aurait pu mener le peuple kurde vers sa liberté. Il ne s'agissait pas d'indépendance pour ces 20% de la population turque, ni même d'autonomie, mais enfin d'une reconnaissance du peuple kurde comme peuple à part entière de la Turquie, dont les droits culturels, politiques, linguistiques auraient été enfin inscrits dans la Constitution.

Seulement voilà, le président Erdogan, qui avait perdu la majorité au Parlement lors des législatives de juin dernier, a immédiatement parlé d'une erreur. Désireux sans doute de discréditer au plus vite les 80 nouveaux députés kurdes du HDP, voilà qu'en juillet dernier Ankara prend prétexte d'une série d'attentats dans le sud est de la Turquie pour relancer une offensive sanglante contre les rebelles kurdes. Disant bombarder Daech, il attaque en fait les positions de son ennemi de toujours. En quelques semaines, 260 combattants du PKK sont tués, 70 militaires turcs aussi, et c'est à nouveau l'engrenage à lire dans le contexte épouvantable de la guerre en Syrie qui se déroule à quelques kilomètres de là.

"Turquie : la continuation de la politique par d'autres moyens", c'est un Magazine signé Eric Biegala.

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Elections turques de 2015 kurdes politique turque Turquie