Iran : quelle stratégie pour les États-Unis à l’heure de l’embrasement proche-oriental ? Briefings de l'Ifri, 6 décembre 2023

Un porte-parole du Hamas déclare après l’offensive que sa préparation a reçu le soutien de la République islamique d’Iran, connue pour fournir à ses différents relais régionaux (proxies) un soutien financier, logistique et matériel. S’il renie l’implication directe de Téhéran, le Guide suprême Ali Khamenei déclare cependant « baiser la main des concepteurs de l’attaque du régime sioniste ».

 

Les soupçons d’implication iranienne font resurgir à Washington le double spectre d’une conflagration des crises au Proche-Orient et d’une réactualisation de la confrontation avec Téhéran, dans un contexte international de plus en plus marqué par l’instabilité d’une « permacrise ». Pour une administration démocrate dont les protagonistes travaillent depuis les années Obama à un abandon du fardeau proche-oriental, à un allègement de la présence au Moyen-Orient et à un dépassement des tensions avec la République islamique, le retour des refoulés iraniens apparaît comme un défi de poids. Ajouté à celui de la guerre en Ukraine et de la rivalité avec la Chine, il parasite le débat politique, un an avant les élections présidentielles.

 

Il interroge de plus avec acuité la pertinence de la stratégie adoptée jusque-là par l’administration Biden face aux provocations d’une République islamique vouée depuis sa fondation à la confrontation, directe ou indirecte, avec le « Grand Satan » américain. En septembre, Sanam Vakil, directrice du programme Moyen-Orient Afrique du Nord à Chatham House, déplorait déjà que la politique occidentale à l’égard de l’Iran manquait d’ancrage et de direction, faute de stratégie constante, équilibrée et unifiée.

 

Le repli américain de la région et l’enlisement de la négociation nucléaire ont ainsi conduit à un essoufflement de la crédibilité des États-Unis, sous le regard de leurs partenaires et rivaux dans le monde. Dans un contexte de prise de conscience de l’ampleur de la menace iranienne et de prises de position polarisées en période préélectorale, l’embrasement du Moyen-Orient fait peser le risque d’un retour à la politique de confrontation avec Téhéran, rendant d’autant plus difficiles, mais urgents, des choix stratégiques durables.