17
fév
2011
Politique étrangère Sommaires de Politique étrangère

Les Etats fragiles – Japon, d'un modèle à l'autre Politique étrangère, vol. 76, n° 1, printemps 2011

Un peu plus de vingt ans après la fin de la bipolarité, les États campent toujours au cœur de la problématique internationale. Non qu’ils y règnent seuls : mais forts ou faibles, stables ou menacés, leur destin rythme les changements, les cahots du monde.

Politique étrangère, vol. 76, n°1, printemps 2011

Le Kosovo attend encore une véritable entrée sur la scène internationale. Et voici que pointe le Sud-Soudan, encore sans nom, sans infrastructures, sans rien d’autre presque qu’un peuple et du pétrole – État pourtant bientôt : un État dont le commencement est aussi un vrai saut dans l’inconnu.

Rémanence, résilience des États, inégalité fondamentale, trois éléments pour une interrogation aujourd’hui essentielle. Hier les États faibles eussent été les victimes évidentes des prédateurs voisins ; ils sont désormais l’objet de la sollicitude d’une « communauté internationale » qui a pris l’instabilité en horreur et œuvre à leur relèvement.

Le présent numéro de Politique étrangère consacre un dossier aux « États fragiles » – étant entendu que l’expression elle-même est susceptible de multiples déclinaisons. Au-delà des thérapies immédiates du malheur – pour lesquelles les organisations non gouvernementales (ONG), si dissemblables qu’elles soient, se sont avérées irremplaçables –, la question centrale est bien de reconstituer, autant que faire se peut, une société internationale autour d’acteurs prévisibles. Au service de cet objectif, on a usé de moyens militaires, sous diverses formes, et avec des succès inégaux : mais chacun sait désormais que l’après-conflit importe plus. C’est autour de la reconstruction que se développe ce dossier. À quoi ont-elles vraiment affaire ces puissances qui, du haut de leur bonne conscience, considèrent les États « faillis » ? Comment reconstituer les éléments d’une vie sociale et politique « normale » – et d’abord : qu’est-ce que la « norme » ? Quels moyens privilégier ? Faut-il d’abord relever les structures de l’État, pour reconstituer le tissu social et relancer le développement économique, deux chances élémentaires de survie pour les populations ? Ou faut-il privilégier les moyens immédiats de cette survie, qui seuls donnent sens aux structures politiques, sans eux coquilles vides peut-être dangereuses ? Qu’avons-nous appris des malheurs multiples côtoyés ces dernières décennies, de nos efforts, de nos propres échecs ?

Ces questions sont bien au cœur de la réflexion actuelle sur l’intervention internationale, sous quelque forme qu’elle se présente : travail des ONG, aide au développement, actions des grands organismes civils ou militaires internationaux, etc. Le dossier que nous présentons s’interroge à la fois sur les formes de cette action, et sur les multiples réalités auxquelles elle se confronte. On a ici choisi de réfléchir sur les concepts, et les élaborations nombreuses qui peuvent se concrétiser en doctrines contradictoires, selon les intervenants ; et de confronter la réflexion à plusieurs exemples, de la Somalie à la Colombie en passant par les États du Sahel, exemples décrivant d’abord des situations singulières, qui exigent des modus operandi très adaptés. Face à une globalisation qui ouvre et déstructure, la réflexion ne fait que commencer. […]


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Librairies

 

Les lectures de Politique étrangère, vol. 76, n° 1, printemps 2011
Mots-clés
Etat Etat failli Japon
ISBN / ISSN: 
978-2-86592-825-5