Publié le 08/09/2015

Laura PARMIGIANI

La pénurie d'eau dans les Etats membres du Conseil de Coopération du Golfe a traditionnellement été résolue par de nouveaux modes de production de l’eau subventionnés par l’Etat. Ces pratiques n’étant viables ni sur le plan économique ni sur le plan environnemental, elles laissent progressivement place à de nouvelles stratégies de recouvrement des coûts et de gestion des ressources.

Cette étude comparative entend montrer comment les Etats membres du Conseil de Coopération du Golfe, dont les réserves en pétrole et en gaz sont parmi les plus importantes du monde, ont confié la gestion de l’eau et des ressources énergétiques à des entreprises et des agences gouvernementales verticalement intégrées, dans le cadre d’une politique d’approvisionnement soutenue par une énergie bon marché. La redistribution des revenus issus de l’industrie du pétrole et du gaz a permis de maintenir les prix de l’eau et de l’électricité à des niveaux très bas, voire nuls. Les ressources souterraines, qui sont les seules sources d’eau de la région, sont en train de diminuer rapidement.

Les techniques de désalinisation se sont développées à grands pas et semblent être aujourd’hui la seule forme d’approvisionnement fiable pour le futur. L’Arabie Saoudite à elle seule pourrait avoir besoin de 18 milliards de mètres cubes d’eau claire par an d’ici 2050 si la consommation poursuit son évolution au rythme actuel. Pour cette raison, d’immenses quantités d’énergie seront nécessaires et c’est le rapport entre énergie et eau qui doit aujourd’hui être repensé. Les choix technologiques qui seront faits dans le secteur de l’électricité influenceront la façon dont l’eau sera produite et inversement.

En effet, la production d’eau peut être couplée à la production d’électricité, ce qui offre de meilleurs rendements mais une flexibilité moindre. Les technologies membranaires, qui ne requièrent que de l’électricité pour fonctionner, permettent de diversifier le mix énergétique et électrique mais leur taille critique est plus petite, elles produisent ainsi de plus faibles quantités d’eau. Un plan de transformation général devra être élaboré dans chaque pays afin d’organiser le développement de la production d’eau et d’électricité. Cela devrait permettre aux gouvernements et à leurs agences d’identifier à temps les changements induits pour chacun de ces secteurs.  

Le modèle de l’acheteur unique a garanti la stabilité et la prédictibilité des systèmes de production d’eau et d’électricité, et ainsi permis aux législateurs de prévoir précisément la demande dans les deux secteurs. Cependant, il n’est plus cohérent de supposer qu’ajouter simplement des capacités de production sera suffisant, dans la mesure où le carburant bon marché se raréfie. Les Emirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite et le Koweït sont déjà à court de gaz naturel. De nouveaux projets ont été élaborés dans le cadre d’une stratégie générale d’optimisation des processus de production et de reflet des coûts, afin de minimiser l’impact sur la politique de redistribution des richesses tout en sensibilisant la population sur l’importance de l’eau pour son avenir. Si augmenter les prix semble être la solution la plus sérieuse, d’autres décisions politiques ambitieuses doivent voir le jour, avec notamment la création d’un droit de l’eau et d’un cadre de tarification commun à tous les Etats membres du Conseil de Coopération du Golfe.

Ce contenu est disponible en anglais – Water and Energy in the GCC: Securing Scarce Water in Oil-Rich Countries [1]