Publié le 27/04/2016

Elsa LAFAYE DE MICHEAUX

Entamé en 2009 durant la crise financière globale, le mandat de Najib Razak en tant que Premier ministre de Malaisie s’ouvre dans la crainte d’une perte de contrôle sur l’endettement public et d’une chute dans le « piège des pays à revenus intermédiaires ».

Les incertitudes sont alors nombreuses quant à l’orientation de l’économie et quant à sa capacité à relever les défis d’une extrême ouverture associée à un poids très fort de l’État, lui-même fortement dépendant de la rente pétrolière. Mais, grâce à la Chine, devenue le premier partenaire commercial du pays, la croissance est de retour dès 2010.

Accompagnant le lancement du 10e plan quinquennal, le gouvernement propose à partir de 2011 un nouveau modèle économique et engage une série de réformes économiques et bureaucratiques (Economic Transformation Programme 2011-2020) afin de porter le pays au rang de pays pleinement développé à l’horizon 2020. Najib Razak annonce aussi la mise en place d’une politique sociale post-raciale (1Malaysia) et de réformes importantes dans le domaine des libertés et droits fondamentaux.

Mais l’année 2013 marque un tournant sur le front des droits de l’homme, de la démocratie et de l’harmonie nationale dans ce pays multiethnique et pluri-religieux à majorité musulmane. Suite aux treizièmes élections générales, la coalition du Barisan Nasional dominée par le parti malais de Najib (United Malaysian National Organisation - UMNO) parvient à se maintenir au pouvoir grâce à un découpage des circonscriptions ultra-favorable, alors que l’opposition a remporté 51 % des suffrages. Dans ce contexte très tendu, les réformes structurelles vont se poursuivre, conduisant à une consolidation de l’économie et un rééquilibrage en termes de partenaires, de secteurs industriels, d’investissement et de rôle de la demande domestique par rapport à la demande extérieure. En revanche un coup d’arrêt va être donné aux ouvertures politiques et démocratiques. Le scandale financier 1MDB, révélé sur la scène internationale par le Wall Street Journal à l’été 2015, va durcir le repli du pouvoir sur lui-même et conduire Najib Razak à un raidissement politique sans précédent pour réaffirmer son autorité. Si l’économie semble mise sur de bons rails par ce mandat et apparaît en mesure de résister à la chute du cours du pétrole et au ralentissement chinois, la démocratie parlementaire et le climat politique et social sont fortement dégradés par rapport à la période d’Abdullah Badawi.