Publié le 03/05/2016

Alexandre CHOUMILINE

Depuis l’époque soviétique, l’approche russe à l’égard du Moyen-Orient a significativement évolué, passant de la création d’une zone d’influence dans un contexte de confrontation avec l’Occident  à une perception fondée essentiellement sur les intérêts économiques et, enfin, à la vision pragmatique actuelle.

Cette dernière phase constitue, de fait, une symbiose des deux étapes précédentes : aujourd’hui, le Moyen-Orient est pour la Russie à la fois un terrain de manoeuvres militaro-politiques dans le cadre de sa confrontation avec l’Occident ; un débouché potentiellement prometteur pour la production russe d’équipements militaires modernes, de machines et de véhicules lourds ; et une source potentielle de financement (crédits, investissements).

L’approche pragmatique adoptée par Moscou à l’égard du Moyen-Orient est actuellement mise à l’épreuve par la crise syrienne. Les actions de la Russie en Syrie (au plan militaire comme politique) suscitent plusieurs interrogations. Dans quelle mesure cette intervention correspond-elle aux intérêts régionaux de la Russie et renforce-t-elle son influence dans le monde arabe ? Quelle doit être la stratégie à long terme de la Russie dans cette région, étant donné qu’une stratégie durable ne doit pas dépendre de la présence au pouvoir de personnalités politiques concrètes, que ce soit en Russie ou dans les pays de la région ? Le présent article vise à retracer l’évolution de la politique moyen-orientale de Moscou et à évaluer les conséquences de la crise syrienne sur sa position dans la région.

Alexandre Choumiline, docteur en sciences politiques, est le directeur du Centre d’analyse des conflits au Moyen-Orient à l’Institut d’études des États-Unis et du Canada de l’Académie des sciences de Russie.