Publié le 07/02/2017
Le Kremlin

Tatiana KASTOUEVA-JEAN

La récession a ralenti en Russie en 2016, grâce à l'adaptation de l'économie à une conjoncture défavorable, mais elle perdure. Les revenus réels de la population ont chuté depuis trois ans et la pauvreté s'est considérablement accrue. Paradoxalement, cette situation ne semble pas avoir entamé la faveur dont jouit Vladimir Poutine, qui recueillait presque 90% de soutiens à l'automne 2015, et dont la popularité a légèrement fléchi depuis un an mais demeure très élevée. 

 

Parallèlement, les sondages montrent que seule une partie infime de la population est préoccupée par l'état des droits civiques et des libertés démocratiques dans le pays. Depuis 2003, les partis de tendance démocratique et libérale n'arrivent plus à franchir le seuil nécessaire pour être représentés à la Douma. Aux dernières élections législatives (septembre 2016), le plus ancien parti démocrate, Iabloko, n'a pas réuni les 3% nécessaires pour que son financement public soit maintenu. Pourquoi une telle impopularité des valeurs qui semblaient pourtant si attractives lors de la chute de l'URSS ?  Comment appréhender la société russe d'aujourd'hui et ses aspirations ? A quelles attentes de la population, la politique autoritaire du président russe a-t-elle répondu pour être autant soutenue, malgré la dégradation du contexte économique et social et le verrouillage de la société ?