Publié le 28/03/2017

Yves MINTOOGUE

Au Cameroun, l’action gouvernementale dans les domaines économique et social est rythmée par le thème de la « lutte contre la pauvreté ». Cette dernière est présentée comme la priorité absolue depuis le tournant des années 2000 qui a vu le pays retrouver le chemin de la croissance, après plus d’une décennie de crise économique.

La situation économique des classes dites « moyennes » reste néanmoins fragile. Bien que leur pouvoir d’achat connaisse une embellie depuis la fin des années 2000 et que le nombre de ménages et d’individus susceptibles d’être intégrés dans cette catégorie, du fait de leurs revenus, soit de nouveau croissant, un fort sentiment d’instabilité et d’incertitude économique demeure.

L’épargne, en dépit de tout, occupe une place importante dans l’économie des ménages des classes moyennes. Ce sentiment de vulnérabilité fait d’ailleurs parti des moteurs de cette pratique. Ces ménages mettent un point d’honneur à épargner, afin d’être capable de gérer d’éventuels imprévus (une hospitalisation par exemple), ou pour réaliser des projets d’investissement de long terme (aspiration à la propriété) qui renforceraient leur stabilité.

Quelles formes prend cette épargne ? Pour une bonne part, elle se constitue en dehors des circuits formels de l’économie de marché, dans des tontines. Celles-ci se caractérisent notamment par leurs modes de fonctionnement ambivalents, dans la mesure où elles reposent sur des réseaux de solidarité « traditionnels », tout en reprenant certains aspects du fonctionnement des entreprises capitalistes, tels que l’application des taux d’intérêt. Ainsi, si le besoin d’épargner est parfois compromis par la solidarité familiale qui aide les plus démunis à survivre et à obtenir les moyens de se prendre en charge, ces deux nécessités se concilient bien dans les tontines qui sont des structures sociales d’assistance et de solidarité autant que des structures d’épargne et de crédit.