Publié le 09/05/2017

Olivier APPERT

Depuis la découverte du Colonel Drake en 1859, le pétrole a joué de façon continue un rôle majeur dans la politique économique américaine et au plan international, il a été un outil clé du leadership américain. 

Au fil du temps, cette politique a dû composer avec une modification des rapports de force sur le marché pétrolier. La révolution récente des hydrocarbures non conventionnels a été un game changer majeur. Au fond, la politique pétrolière du nouveau président américain n’est qu’un retour aux sources.

Les fondamentaux de la politique pétrolière américaine

Disposant d’un quasi monopole de la production pétrolière mondiale au début du siècle dernier, les États-Unis ont utilisé le pétrole comme une arme diplomatique et militaire. Cette politique est parfaitement illustrée par cette citation d’André Giraud, ministre de l’Industrie pendant le second choc pétrolier : « le pétrole est une commodité à fort contenu diplomatique et militaire, avec une valeur fiscale indéniable et accessoirement un pouvoir calorifique ». L’appui logistique apporté par le Président Wilson à la France lors de la bataille de Verdun en est un premier exemple. De même, en 1941, les États-Unis décident d’imposer un embargo pétrolier contre le Japon pour contrer les ambitions régionales de ce dernier, embargo qui a conduit à l’attaque japonaise de Pearl Harbor.

Progressivement, les États-Unis perdent leur leadership sur le marché mondial : la production ne peut plus répondre à la consommation intérieure qui explose entraînant un accroissement de la dépendance extérieure. Le pays devient alors importateur net en 1958.

L’indépendance énergétique est alors recherchée par le contrôle de ressources pétrolières à l’étranger. Les découvertes au Moyen-Orient leur offrent une opportunité d’alliances stratégiques avec les acteurs les plus importants. C’est le cas d’abord de l’Arabie Saoudite avec la signature de l’accord entre Roosevelt et Ibn Seoud le 14 février 1945 sur le cuirassé Quincy : par ce pacte, les États-Unis accordent au Royaume une protection militaire en échange d’une garantie d’approvisionnement en pétrole. Le renversement du premier ministre iranien grâce à l’intervention des services secrets américains en août 1953 permet de nouer une alliance stratégique avec le Chah : les compagnies pétrolières américaines en profitent pour renforcer leurs intérêts dans ce pays.

Il ne faut évidemment pas oublier dans ce contexte deux dimensions majeures de la diplomatie américaine au Moyen-Orient : protéger Israël d’une part et freiner les ambitions soviétiques sur cette région. Rappelons d’ailleurs que le pacte du Quincy a été signé au retour de Yalta.

 

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