Publié le 10/07/2017

Loulouwa AL-RACHID

La libération de Mossoul cristallise l’ensemble des problématiques politiques, sociales et sécuritaires qui conditionnent l’avenir de l’État irakien. La victoire sur les djihadistes suffira-t-elle à pacifier l’Irak et à insuffler à son régime politique largement dysfonctionnel une nouvelle dynamique ?

La bataille de Mossoul constitue l'ultime victoire militaire contre l’État islamique (EI) sur le territoire irakien. La plupart des sanctuaires territoriaux que les djihadistes avaient conquis depuis le début de leur « expansion » en 2013-2014 ont été repris, l’un après l’autre, par les forces armées irakiennes qui accomplissent un effort de guerre colossal. Mais, Mossoul représente un symbole fort: c'est de cette grande ville sunnite du nord du pays que le califat d’Abou Bakr Al-Baghdadi a été proclamé à l'été 2014. La montée en puissance du soutien fourni par la coalition internationale contre le terrorisme – notamment l’intensification des bombardements aériens et le déploiement de forces spéciales et d’instructeurs militaires occidentaux auprès des forces armées irakiennes, aussi bien régulières qu’irrégulières (milices kurdes, tribales, etc.) –, a indéniablement porté ses fruits dans cette guerre totale.

Pour autant, cette victoire militaire contre l’EI suffira-t-elle à pacifier l’Irak et à insuffler à son régime politique largement dysfonctionnel une nouvelle dynamique ? À plus d’un égard, ce régime instauré à Bagdad sous la houlette de la puissance américaine occupante est symboliquement « mort » lorsque l’armée irakienne a livré, sans se battre, Mossoul aux djihadistes en juin 2014, ouvrant la voie à une guerre de sécession des régions sunnites de l’ouest et du nord-ouest du pays. Ce régime est massivement rejeté par la population, incapable d’établir de l’ordre sur l’ensemble du territoire irakien, et encore moins d’exercer un monopole sur la violence légitime ou sur les ressources nationales. La classe politique irakienne, notoirement corrompue, maintient cependant sa préférence pour le statu quo ante, et n’envisage la réconciliation nationale que comme une soumission de gré ou de force de l’adversaire. Pourra-t-elle redonner espoir à une société meurtrie par la violence depuis 2003, minée par des appartenances ethniques et religieuses antagonistes, et confrontée à des difficultés économiques grandissantes dues à la baisse des revenus pétroliers et au coût exorbitant de la guerre contre le terrorisme ? Comment les intentions de la nouvelle administration américaine présidée par Donald Trump et le jeu des puissances régionales (Iran, Turquie, Arabie Saoudite…) influeront-ils sur l’Irak après la guerre contre Daech ?

Comment les intentions de la nouvelle administration américaine présidée par Donald Trump et le jeu des puissances régionales (Iran, Turquie, Arabie Saoudite…) influeront-ils sur l’Irak après la guerre contre Daech ?

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