Publié le 22/09/2017

Hans STARK, cité par Julien Ricotta sur Europe 1.

Angela Merkel remet en jeu son mandat dimanche. Si le suspense est relatif, tant la chancelière est favorite, de nombreuses interrogations, comme le score de l’extrême droite, entourent cette élection. 

Loin de l’effervescence du duel entre Donald Trump et Hillary Clinton et de la présidentielle française de mai dernier, les élections législatives allemandes de dimanche ont bien du mal à passionner à l’international. Un désintérêt qui s’explique avant tout par l’absence de suspense : Angela Merkel, largement en tête des sondages, est quasiment assurée de rempiler pour un quatrième mandat de chancelière. Ce scrutin ne manque pourtant pas de poser des questions pour l’avenir de la première puissance européenne. La composition de la coalition gouvernementale, le score de l’extrême droite dans un pays encore traumatisé par son Histoire ou encore l’impact sur la construction européenne sont les principales interrogations de ces législatives.

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Quelle composition pour la coalition gouvernementale ?

C’est la principale inconnue de ces élections. Avec 36% des voix, Angela Merkel ne serait pas en mesure de gouverner seule et devrait donc se mettre en quête d’un ou plusieurs alliés. La couleur de cette coalition reste cependant très incertaine et dépendra des scores de dimanche. Le camp Merkel (CDU-CSU) pourrait trouver un accord avec les Libéraux du FDP (droite), allié naturel des conservateurs. Avec 9% des voix selon les sondages, le FDP ne serait toutefois pas en mesure de donner une majorité à la chancelière. Elle pourrait donc être tentée d’élargir le duo à un trio avec les Verts. Sauf que ce drôle d’attelage semble délicat à manœuvrer, tant les différences de fond sont importantes entre Verts et FDP.

Autre solution pour Merkel : une reconduction de la grosse coalition (GrosKo) avec les sociaux-démocrates du SPD, en vigueur depuis 2013. Sauf que, là aussi, rien n’est assuré. "Il faudra voir si les sociaux-démocrates auront envie de reconduire la coalition, alors qu'ils n'en profitent pas politiquement. Beaucoup de sociaux-démocrates se posent la question", explique Hans Stark, professeur à la Sorbonne et spécialiste de l’Allemagne interrogé par Europe 1. Pour la chancelière, une nouvelle victoire ne serait que le début du casse-tête.

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Quel est l’état d’esprit des Allemands ?  

L’Allemagne continue de surfer sur sa bonne santé économique, forte d’un taux de chômage quasi inexistant (3,7% en juillet [1]) et d’une croissance solide (1,9% en 2016 [2]). "Une majorité très élevée d'Allemands considère leur situation personnelle comme satisfaisante. Il n'y a pas de mécontentement économique", analyse Hans Stark. Contrairement aux autres démocraties occidentales, l’Allemagne échappe à la vague de "dégagisme" et de volonté de renouvellement du personnel politique. Mais un début de mécontentement social se fait jour, notamment en raison du creusement des inégalités. Cette colère d’une minorité d’Allemands pourrait impacter les élections : il pourrait y avoir six partis représentés à la Chambre des députés, une première depuis 1990.  

Quelles conséquences pour l’Europe ?

La reconduction d’Angela Merkel aura un impact important sur le futur de l’Union européenne. Mais l’attitude de la chancelière dépendra en grande partie de la composition de sa future coalition. "La droite, essentiellement la CSU et le FDP (Libéraux), vont se montrer très orthodoxes, sur une poursuite de la politique d'austérité. Au contraire, le SPD et les Verts développent des politiques qui mèneraient l'Allemagne à s'ouvrir davantage sur la solidarité budgétaire et à des discussions avec les pays du sud, notamment sur la dette de la Grèce, qui sont des réformes souhaitées par Emmanuel Macron", assure Hans Stark. A l’Élysée, les élections allemandes seront scrutées avec énormément d’attention, et un brin d’appréhension...

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