Publié le 03/10/2022
Char de combat allemand Leopard 2A, Szczecin, Pologne, janvier 2022

Éric-André MARTIN

La guerre en Ukraine conduit la Bundeswehr à se recentrer sur la défense du territoire et la sécurité collective, qui constituent son cœur de métier. Il s’agit d’une rupture avec les cadres d’emploi qui ont prévalu depuis la fin de la guerre froide, période durant laquelle la Bundeswehr a péniblement tenté de se transformer en armée d’intervention.

Avec la création d’un fonds spécial unique de 100 milliards d’euros la Bundeswehr bénéficie d’une opportunité inédite, lui permettant tout à la fois de se doter de forces modernes et interopérables et de restaurer sa crédibilité vis-à-vis de ses alliés, en premier lieu les États-Unis. Dans le contexte économique actuel, la question de la soutenabilité de cette transformation reste posée, en cas de retournement de l’opinion publique et d’arbitrages politiques privilégiant la stabilisation des finances publiques. L’objectif du gouvernement allemand de faire de la Bundeswehr la première armée conventionnelle en Europe entraînera un glissement des équilibres sur le continent, même si cela s’effectue dans un cadre multinational et sur une base coopérative. Il convient d’en mesurer les implications pour la sécurité européenne, la relation transatlantique et les partenariats de l’Allemagne avec les États européens, dont la France.

 

Éric-André Martin est secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’Ifri.