Publié le 08/05/2007

Christophe BERTOSSI, Vincent THOUVENIN

Les politiques d'intégration françaises et britanniques ont longtemps constitué deux paradigmes mutuellement exclusifs. Construite sur des éléments idéologiques introduits par la Révolution française, la citoyenneté refuse toute forme de différenciation ethno-raciale dans l'espace public. Au regard de cette philosophie de la citoyenneté, les politiques britanniques ont paru constituer une anti-thèse, du fait d'une approche fondée sur l'importance des groupes minoritaires, en donnant un poids social et politique aux membres des minorités ethno-culturelles. Pour l'observateur, cette rapide présentation des paradigmes dominants de la citoyenneté dans les deux pays a une conséquence : la 'race' ou l' 'ethnicité' semblent constituer la frontière dure entre les deux pays, refusées en France et centrales en Grande-Bretagne. Indifféremment entretenue par les médias, les débats politiques et la production scientifique, la comparaison franco-britannique a ainsi été instrumentalisée comme une oppostion indépassable entre deux 'modèles' figés et hétéronomes. Aujourd'hui cette opposition semble pourtant dépassée. Pour rendre compte des récents événements et de certains retournements des politiques nationales d'intégration dans les deux pays, ce texte propose de renouveler la comparaison. Il n'est plus possible de simplement opposer la France et la Grande-Bretagne car les deux pays partagent des enjeux politiques comparables en matière de citoyenneté et d'intégration, étant toutes deux des sociétés mondialisées et, de facto, multiculturelles.