27
sep
2021
Espace Média L'Ifri dans les médias
Paul MAURICE, cité par Manon Aublanc dans 20 Minutes

Allemagne : Après les résultats des législatives, comment va se former la coalition ?

Pour connaître le nom de la prochaine chancelière ou du prochain chancelier en Allemagne, il faudra probablement atteindre plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Après les résultats provisoires des élections législatives, ce lundi, remportées par les sociaux-démocrates du SPD et leur chef de file Olaf Scholz avec 25,7 % des voix, les négociations entre les différents partis débutent ce lundi matin.

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Les directions des différents partis, susceptibles d’entrer dans une future coalition, doivent se réunir ce lundi matin à Berlin pour entamer de longues négociations. Quels sont les résultats des élections ? Comment les négociations vont-elles se dérouler ? Quels sont les différents scénarios possibles ? 20 Minutes fait le point sur la future coalition du gouvernement en Allemagne.

Quels sont les résultats des élections législatives ?

Le Parti social-démocrate d’Allemagne, le SPD, emmené par Olaf Scholz, l’actuel ministre des Finances d’Angela Merkel, est arrivé légèrement en tête des élections législatives, avec 25,7 % des voix, selon les résultats provisoires communiqués ce lundi.

  • « C’est surprenant car les sondages attribuaient au SPD un score bien plus faible. Non seulement, il est remonté, mais en plus, il arrive en tête. C’est la troisième fois depuis 1949 », explique à 20 Minutes  Paul Maurice, chercheur au Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Pour le spécialiste, « Olaf Scholz a bénéficié des erreurs de ses adversaires, qui n’ont pas été très bons. En plus, il incarne une forme de stabilité, c’est l’actuel ministre des Finances ».

L’union conservatrice CDU-CSU de la chancelière, dirigée par Armin Laschet, elle, est arrivée deuxième avec 24,1 % des suffrages, juste derrière le SPD, son pire résultat aux élections fédérales depuis 1949.

  • « C’est la première fois que les conservateurs obtiennent moins de 30 % », analyse Paul Maurice, qui qualifie le score d'« échec historique pour le parti d’Angela Merkel ».

En septembre 2017, lors des dernières élections législatives, le CDU-CSU avait obtenu 33 %, rappelle la Deutsche Welle.

Les Verts sont arrivés troisième du scrutin avec 14,8 % des voix, devant les libéraux du FDP, le Parti libéral démocrate, qui a recueilli 11,5 % des suffrages. L’AfD, le parti politique eurosceptique et nationaliste allemand, prend la cinquième place, avec 10,3 % des voix. Quant au parti de gauche, Die Linke, il se place sixième avec 4,9 % des votes.

Comment vont se dérouler les négociations ?

Les négociations entre les différents partis susceptibles d’entrer dans une future coalition débutent dès ce lundi matin, à Berlin, au lendemain même des élections législatives. « La partie de poker commence », a prévenu le quotidien allemand Der Spiegel.

  • Les négociations vont se dérouler en deux phases, décrypte Paul Maurice : « La première phase, c’est celle de la consultation. Les partis vont discuter entre eux, notamment les Verts et les libéraux du FDP, arrivés 3e et 4e, qui vont se réunir et négocier. Une fois qu’ils se seront mis d’accord, ils choisiront s’ils discutent avec le SPD ou le CSU-CDU », détaille le chercheur. 
  • « La deuxième phase, c’est celle de la coalition. Les partis se mettront d’accord sur ce qui figurera dans le "contrat de coalition". Ils vont notamment négocier les portefeuilles ministériels. Le SPD, par exemple, lorgne sur le ministère de l’Economie, tandis que les Verts souhaitent le ministère de l’Ecologie, c’est un gros point de négociations », poursuit Paul Maurice
  • Selon le spécialiste, ces négociations pourraient durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois. « En temps normal, il faut compter deux mois, deux mois et demi. C’est pour cette raison que les partis se sont fixé l’objectif de former une coalition avant Noël », estime-t-il.

Mais ça pourrait prendre plus de temps. A l’issue du précédent scrutin de 2017, il avait déjà fallu six mois aux partis pour trouver un gouvernement droite-gauche, entraînant dans l’intervalle une paralysie politique en Allemagne, notamment sur les questions européennes.

Quels sont les scénarios possibles pour la future coalition ?

En Allemagne, ce ne sont pas les électeurs qui élisent directement le chef du gouvernement mais les députés, une fois constituée une majorité. Cette dernière est cette fois particulièrement compliquée à constituer car elle devra probablement réunir trois partis – du jamais-vu depuis les années 1950 – du fait d’un émiettement des suffrages. Mais les deux camps, le SPD et l’union CDU-CSU, revendiquent de former le futur gouvernement et entendent chacun de leur côté tenter de trouver une majorité au Parlement. Selon les spécialistes, tout dépendra des Verts et des libéraux du FDP, arrivés 3e et 4e, qualifiés lundi par le quotidien Bild de « faiseurs de roi ».

En Allemagne, les alliances sont représentées par des couleurs qui reprennent celles des drapeaux de chaque parti.

  • « Le premier scénario, c’est celui d’une négociation entre le SPD (rouge), les Verts (vert) et le FDP (jaune), c’est ce qu’on appelle le "feu tricolore". Le deuxième, c’est que ce soit la CDU-CSU (noir) qui discute avec les Verts (vert) et le FDP (jaune), ce qu’on appelle "la Jamaïque" », décrypte Paul Maurice, qui rappelle qu’une coalition à trois partis serait une première en Allemagne.

La troisième option, c’est un renouvellement de la « GroKo », la grande coalition entre le CDU-CSU et le SDP, actuellement au pouvoir.

  • « Mais c’est l’option la moins probable, car il y a une forme de lassitude chez les électeurs. C’est la solution de compromis certes, mais ça veut dire qu’il n’y aura pas de changement de ligne politique », poursuit le chercheur. Que ce soit le SPD ou le CDU-CSU, les Verts et le FDP auront une place dans le gouvernement, estime Paul Maurice.
  • « Actuellement, les Verts étaient le dernier parti du Bundestag. Désormais, ils vont passer au troisième rang, c’est une énorme progression », ajoute-t-il.

 

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