02
oct
2017
Espace Média L'Ifri dans les médias
Hans STARK, cité par Johanna Luyssen dans Libération

En Allemagne, la coalition cahote

« Nous ne devrions pas nous concentrer sur des lignes rouges, mais plutôt sur des horizons communs ». Dimanche Christian Lindner, chef des libéraux du FDF et faiseur de rois de ces législatives (10,5% des voix), a ainsi salué dans le journal Bild les propositions d'Emmanuel Macron en faveur d'une coopération européenne accrue.
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Ce serait assez banal si le FDF, libéral et pro-Grexit, ne s'était pas inscrit sur une ligne diamétralement opposée. Une semaine plus tôt, le 24 septembre, jour du vote, le chef du FDF, qui pourrait obtenir le poste de ministre fédéral des Finances lâché par Wolfgang Schàuble, disait encore : « Un budget de la zone euro où l'argent atterrirait en France pour les dépenses publiques, ou en Italie pour réparer les erreurs de Berlusconi, serait impensable pour nous et représenterait une ligne rouge ». Si les « lignes rouges » sont devenues des « horizons communs », c'est que les premiers contacts en vue d'une coalition à la jamaïcaine (aux couleurs des trois partis CDU/CSU, les Verts et FDF) ont été établis.

« Un programme électoral n'est jamais coulé dans le bronze. En revanche, un contrat de coalition, on l'applique. Et puis le FDF a tout intérêt à ne pas dresser de lignes rouges. Si on voit que ce sont eux qui ont bloqué les discussions pour une coalition, et qu'on convoque des élections anticipées, alors ils ne feront pas 10% des voix cette fois », estime Hans Stark, du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri. Ce qui amène Lindner à une position d'équilibriste : ne rien renier de l'ADN libéral de son parti, par exemple sur les questions européennes, tout en adoucissant le ton à l'égard de la France.

« Il a compris que le discours de Macron avait été très bien reçu en Allemagne, et que la coopération avec la France reste importante. Mais sur le fond, il n'a pas bougé d'un centimètre », dit Jens Althoff de la Fondation Heinrich-Bôll. En somme : ça avance, mais ça ne bouge pas. Et les négociations pour une coalition jamaïcaine, seule option pour Merkel afin d'obtenir une majorité depuis le refus du SPD d'y participer s'annoncent complexes.

Sans compter que les partis n'ont guère intérêt à étaler de leurs dissensions alors que plane la menace de l'AfD. « En quelque sorte, tous les partis sont condamnés à s'entendre », dit Hans Stark. Et il y a du travail : alors que d'un côté les conservateurs de la CSU penchent encore plus à droite et sont en crise avec la CDU, les Verts et le FDF divergent sur l'énergie ou l'immigration. Sur quoi les Verts vont-ils céder en cas de négociations, sans pour autant renier leur âme ? Les discussions vont se poursuivre jusqu'à la fin de l'année.
 

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