13
déc
2017
Espace Média L'Ifri dans les médias
Laurence NARDON, interviewée par Pierre Cochez dans La Croix 

"Je constate que Donald Trump est inoxydable"

Le démocrate Doug Jones a battu l’ancien magistrat conservateur Roy Moore dans l’élection pour le poste de sénateur de l’Alabama. 

La Croix

La Croix : Comment expliquer cette victoire démocrate dans un État très conservateur ?

Laurence Nardon : L’Alabama est un bastion républicain depuis 25 ans. Cette victoire du candidat démocrate Doug Jones est surprenante. Les accusations concernant des attouchements sur deux mineures à la fin des années 1970 visant son opposant républicain Roy Moore, semblent avoir été déterminantes. Dans cet État, où la religion est très ancrée, on ne plaisante pas avec la bonne conduite. Cette élection a eu lieu en pleine affaire Harvey Weinstein Les Républicains de l’Alabama ont eu des doutes sur la personnalité de leur candidat. Cette affaire Weinstein est une vraie déflagration aux États-Unis.

Dans ce contexte, le président américain a décidé de s’impliquer énormément durant l’élection en Alabama pour soutenir le candidat républicain. Il ne s’était pas engagé autant dans d’autres élections partielles précédentes. C’est troublant quand on sait que Donald Trump est lui-même face à des accusations de harcèlement sexuel le visant.

Cette élection est-elle un mauvais signal politique adressé à Donald Trump ?

L. N. : Cette élection avait un enjeu local. La personnalité des candidats a joué et Roy Moore avait de grandes faiblesses. Les sénateurs sont, comme les gouverneurs, un vivier de possibles candidats à la présidence américaine. Bien plus que les secrétaires d’État du président qui sont vite perçus par l’opinion comme de seuls rouages du gouvernement fédéral.

Concernant Donald Trump, je le constate inoxydable. Depuis ces deux années où il a commencé sa campagne, on assure régulièrement qu’il a franchi la ligne rouge dans ses déclarations et qu’il va être lâché par ses électeurs. Mais, il n’en est rien. Le côté transgressif de Donald Trump plaît aux classes moyennes. Il s’est fait le champion de l’anti-bonne conscience des démocrates. Et ça marche.

Cette élection peut-elle profiter aux démocrates ?

L. N. : D’abord, le public américain est en train de s’apercevoir qu’en matière de harcèlement sexuel, il y a des moutons noirs partout. Les démocrates avaient tendance à dire que, chez eux, ce harcèlement n’existait pas, que soufflait chez eux le vent du féminisme. Ce n’est pas le cas, comme l’a montré l’affaire du sénateur démocrate Al Franken, accusé de gestes déplacés.

Mais, les démocrates ont su réagir vite, à l’inverse des Républicains. Al Franken a dû annoncer son intention de démissionner de son poste de sénateur. C’est par ce type de réaction que les Démocrates peuvent reprendre un ascendant moral.

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