12
fév
2021
Espace Média L'Ifri dans les médias
Hans STARK, cité par Caroline Vinet dans La Croix

COVID-19 : pourquoi l’Allemagne poursuit les restrictions malgré ses bons résultats ?

L’Allemagne prolonge son « confinement partiel » jusqu’au 7 mars et va fermer ses frontières avec la République tchèque et la région autrichienne du Tyrol. Malgré une courbe des contaminations en baisse, Berlin craint l’impact délétère des nouveaux variants.

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Berlin joue les prolongations. Initialement prévue pour le 14 février, la levée des restrictions sanitaires n’interviendra que le 7 mars, a annoncé la chancelière allemande Angela Merkel, mercredi 10 février, et ce malgré des résultats épidémiologiques encourageants.

L'Allemagne enregistre aujourd’hui entre 6 000 et 7 000 cas par jour contre 24 000 à la mi-décembre, soit 68 cas pour 100 000 habitants contre 164 deux mois plus tôt. Le taux d’incidence devra toutefois ne pas dépasser les 35 cas pour 100 000 habitants sur sept jours consécutifs pour que les différents comtés lèvent les restrictions sur les commerces, galeries et musées, a prévenu le gouvernement. Initialement, ce seuil était de 50 pour 100 000 habitants.
 

L’inconnue des variants

Depuis le 15 décembre, les Allemands vivent au ralenti. Commerces non alimentaires, restaurants, cafés, musées, équipements sportifs et écoles gardent toujours porte close. L’arrivée des variants britanniques et sud-africains a changé la donne. « Nous avons cette grande incertitude concernant la mutation. Nous devons être très clairs : elle prendra le dessus (…) si nous n’obtenons pas une meilleure traçabilité, il peut arriver très rapidement que nous ayons à nouveau une croissance exponentielle » du nombre de cas, s’est inquiétée Angela Merkel mercredi.

Le lendemain, l’Allemagne a annoncé la fermeture de ses frontières avec la République Tchèque et la région autrichienne du Tyrol (plus grand foyer du variant sud-africain d’Europe) pour dimanche soir.

« L’Allemagne veut reprendre en main la circulation du virus et fait le pari que le bout du chemin ne sera plus très long, que la vie pourra reprendre d’une façon beaucoup plus proche de la vie d’avant », constate Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale à l’université de Genève. Objectif : passer le printemps (presque) normalement, coûte que coûte. « C’est une stratégie que je défends pour toute l’Europe », reprend l’épidémiologiste ; « c’est assez proche de celle que les pays du Pacifique ont développée et qui leur permet d’avoir une meilleure réponse sanitaire, sociale et économique. »

 

Une légère grogne

Mais la nouvelle commence à susciter des remous. La campagne vaccinale allemande tourne au ralenti comme ses voisins européens, faute d’un approvisionnement suffisant. Et comme ses voisins européens, la patience des Allemands s’étiole après deux mois de semi-confinement. Le taux d’acception des restrictions est passé de 65 % début janvier à 50 % en février, selon une enquête YouGov parue cette semaine.

Malgré tout, « la majorité l’accepte », note Hans Stark, professeur de civilisation allemande à la Sorbonne. Étudiante française en Allemagne, Marie témoigne : « Les gens ici font vraiment plus attention qu’en France. Même les jeunes de mon âge ne font pas de soirées ou ne sortent que pour aller se balader avec quelqu’un. Je crois que le fait que beaucoup est laissé à la bonne volonté des gens joue beaucoup : on pense toujours à ce qu’on devrait faire et non à ce qu’on veut vraiment faire ! »

Contrairement à la France, il n’y a pas besoin d’attestations pour sortir pas plus qu’il n’y a de contrôles. Relativement épargnée lors de la première vague, l’Allemagne a subi la seconde de plein fouet atteignant, à son pic au mois de janvier, près de 800 morts quotidiens. « La proportion de personnes de plus de 65 ans est plus importante en Allemagne qu’en France. Il y a plus de personnes à protéger et donc les Allemands sont pour des mesures stricts », conclut Hans Stark.

 

 

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