23
mai
2018
Espace Média L'Ifri dans les médias
Tatiana KASTOUEVA-JEAN, citée par Benjamin QUENELLE dans Les Echos

Le dossier iranien réchauffe les relations Macron-Poutine

Le premier voyage officiel du président en Russie a bien failli être annulé. Les relations avec Moscou sont difficiles mais le président français entend poursuivre le dialogue, en raison notamment du dossier iranien.

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Un an après avoir reçu Vladimir Poutine à Versailles, Emmanuel Macron aura ce jeudi soir droit à son tour aux ors du palais Constantin. Dans l'ancienne résidence impériale de Pierre le Grand, près de Saint-Pétersbourg, le président veut chercher des « points d'accord » avec le chef du Kremlin. « Nous avons les yeux ouverts mais avec la volonté de construire ensemble », a assuré l'Elysée. Pour mieux préparer cette visite, Emmanuel Macron a réuni autour de lui vendredi dernier une dizaine d'experts français de toutes sensibilités, d'Hélène Carrère d'Encausse à Antoine Arjakovsky.

Nouvelles tensions

« Dans l'entourage du président, il y a eu de fortes pressions pour qu'il annule ce voyage. Les atlantistes sont toujours influents au Quai d'Orsay », confie une source diplomatique française. Les récentes frappes en Syrie et  l'affaire de la tentative d'empoisonnement d'un ex-espion russe en Angleterre avaient, ces dernières semaines, ajouté de nouvelles tensions après quatre ans de relations déjà difficiles depuis le début de la crise ukrainienne et les sanctions occidentales contre Moscou. « Mais le dossier iranien rapproche aujourd'hui la France et la Russie. Car, paradoxalement, Poutine est vu en président plus prévisible et raisonnable que Trump », temporise Arnaud Dubien, directeur de l'observatoire franco-russe. « Pour Macron, la Russie est un grand pays avec qui le dialogue est nécessaire. D'où une position tout en équilibre, ferme et lucide mais ouverte et constructive », assure Tatiana Kastoueva-Jean, spécialiste à l'Institut français des relations internationales.

Macron, un pont avec l'Europe ?

« Pour Poutine, le président français est désormais plus important que la chancelière allemande Angela Merkel. Car il attend de lui de la flexibilité. Mais son indépendance vis-à-vis des Etats-Unis est encore sujette à question... », s'interroge pour sa part Fiodor Loukianov, expert réputé proche du Kremlin. Alors qu'à Moscou, Emmanuel Macron est souvent présenté en meilleure chance de « pont » avec l'Europe, personne ne s'attend pour autant à des percées sur l'Iran et encore moins sur les sujets qui fâchent (Ukraine, Syrie, sanctions...).

Déjouer l'isolationnisme

Après les discussions bilatérales de ce soir, Emmanuel Macron sera demain l'hôte d'honneur du forum économique de Saint-Pétersbourg. Un « Davos russe » auquel il avait déjà voulu participer en 2016 en tant que ministre de l'Economie avant d'annuler sa venue à la dernière minute. A la conférence plénière, le président sera assis à côté de Vladimir Poutine mais aussi du Premier ministre japonais Shinzo Abe et de la directrice générale du FMI Christine Lagarde. Un prestigieux panel que le Kremlin a soigneusement orchestré pour mettre en scène un président déjouant l'isolation provoquée par les sanctions occidentales.

Mais les organisateurs ont aussi été de durs négociateurs. Le pavillon France au forum a été facturé à Business France 800.000 euros, couvert par 16 entreprises françaises. Organisé paradoxalement par l'un des quatre diplomates français récemment expulsés par Moscou, il doit accueillir Emmanuel Macron pour relancer les relations économiques franco-russes.

 

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