28
avr
2022
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Vilnius, Lituanie - 29 mars 2022: Soldats du Corps des Marines des États-Unis
Léo PÉRIA-PEIGNÉ, cité par Elise Vincent dans Le Monde

L’envoi de chars, lance-roquettes et canons à l’Ukraine, nouveau tournant dans la guerre

De plus en plus de pays occidentaux assument de fournir des armes lourdes à Kiev, rompant avec la prudence de mise au début du conflit. Objectif : restaurer les capacités de l’armée ukrainienne et faire barrage à l’effort de guerre russe dans le Donbass. 

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L’envoi d’armes lourdes à l’Ukraine, assumé depuis quelques jours par un nombre croissant de pays occidentaux, est un nouveau tournant dans le conflit qui a démarré le 24 février. Alors que, durant la première phase de la guerre, le soutien des Européens et des Américains s’est limité – du moins publiquement – à l’envoi de carburant, d’équipements de protection, de munitions, d’armes antichars et antiaériennes, et ce à cause du risque d’être considérés comme cobelligérants, une bascule s’est opérée ces derniers jours vers des équipements plus offensifs, comme des obusiers, des chars, des véhicules blindés et des hélicoptères.

Si la première vague de livraison d’armes a été déterminante pour entraver « l’opération spéciale » initiale des forces russes sur Kiev, le saut qualitatif des Occidentaux correspond à un double objectif : d’une part, restaurer les capacités des Ukrainiens après une première phase au cours de laquelle, malgré très peu d’éléments rendus publics sur l’état de leurs forces, celles-ci ont subi d’importantes pertes en hommes et en équipements ; d’autre part, fournir aux troupes de Kiev les moyens de repousser l’offensive russe dans le Donbass, pour in fine « gagner » la guerre, ambition affichée par les Etats-Unis lors de la réunion organisée, mardi 26 avril, sur leur base militaire de Ramstein, en Allemagne.

Moscou a décidé de concentrer ses efforts de guerre dans l’est de l’Ukraine pour au moins mettre la main sur l’intégralité du Donbass, voire priver définitivement l’Ukraine de son accès à la mer d’Azov.

  • « L’enjeu, c’est vraiment d’éviter l’effondrement » des Ukrainiens, résume Léo Péria-Peigné, spécialiste des questions d’armement à l’Institut français des relations internationales.

« Donner de la mobilité aux Ukrainiens »

Plusieurs catégories d’armes lourdes ont été envoyées ou devraient l’être prochainement. La première est celle des obusiers. Alors que le conflit s’oriente actuellement vers une guerre de position, avec un front relativement délimité, ces canons permettent de tirer, jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres de distance (parfois 40 kilomètres), des charges puissantes et précises. Ces obusiers peuvent être tractés ou autopropulsés. Les Pays-Bas, l’Estonie, la République tchèque, la France, avec ses canons Caesar, et, surtout, les Etats-Unis en ont annoncé l’envoi. L’effort américain est particulièrement important puisqu’il atteint le nombre de 90, soit plus que tout le stock français (environ 75).

  • « L’enjeu, avec ces équipements, est de donner de la mobilité aux Ukrainiens pour les aider dans leurs déplacements le long du front », reprend M. Péria-Peigné.

Une mobilité que doivent aussi favoriser les hélicoptères de transport de troupes de type Mi-17 envoyés par les Américains. Beaucoup de ces équipements sont assez anciens, mais de conception soviétique pour certains, donc de prise en main facile pour les Ukrainiens, alors que la formation au maniement de toutes ces armes lourdes est une condition sine qua non de la réussite du soutien occidental. D’où l’annonce par les Etats-Unis, le Royaume-Uni, ou récemment la France, que des formations de militaires ukrainiens avaient été lancées et avaient lieu en partie hors d’Ukraine.

  • « Rien que pour les 90 obusiers américains envoyés en Ukraine, il faut avoir conscience que cela représente la nécessité de former autour de 1 000 hommes, car il faut compter en principe huit personnes par obusier, ça ne s’improvise pas, explique M. Péria-Peigné. Il faudra une bonne rotation des effectifs, et on ne verra les vrais effets de ces livraisons sur le terrain que dans deux ou trois semaines. »

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Possibles « pénuries de munitions »

Occidentaux et Russes peuvent-ils tenir cet effort, alors que de plus en plus d’experts considèrent que la guerre semble partie pour durer de longs mois ? Rien ne le dit, commencent à s’inquiéter un certain nombre de spécialistes et industriels.

  • « Le risque d’une guerre longue et d’éventuelles pénuries de munitions modernes existe autant pour le camp occidental que pour Moscou », estime M. Péria-Peigné.

Face à l’évolution du conflit, les Etats-Unis ont en tout cas nommé, le 21 avril, un général trois étoiles au Conseil de sécurité nationale (NSC) pour coordonner l’aide à l’Ukraine de Washington et de ses partenaires.

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