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nov
2019
Publications Etudes de l'Ifri

Qu'est-ce qu'un think tank ? Une perspective française Etudes de l'Ifri, novembre 2019

L’Institut français des relations internationales (Ifri) a célébré son quarantième anniversaire au printemps 2019, dans un environnement radicalement différent de celui de ses débuts, dominé par la compétition entre les deux « superpuissances » d’alors, les États-Unis et l’Union soviétique (URSS).

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On pressent que le monde des prochaines décennies sera rythmé principalement par la concurrence entre les États-Unis qui n’entendent pas abandonner leur primauté, et la Chine qui affiche ouvertement son ambition de les dépasser avant le milieu du XXIe siècle. Alors que l’URSS était incapable de s’adapter à la révolution technologique, la Chine y excelle et semble en bonne voie pour accéder prochainement à la totalité des attributs de ce qu’on entend par superpuissance.

Le système international évolue vers une nouvelle configuration qu’on aurait cependant tort de qualifier de bipolaire comme celle du temps de la guerre froide, en raison de son extrême complexité qu’illustre par exemple le difficile concept de cyberpuissance. Au risque de l’apocalypse nucléaire qui occupait principalement les meilleurs stratégistes dans la seconde moitié du XXe siècle s’est substituée une vaste palette de risques plus divers et plus diffus, pour certains de grande ampleur, dans l’ordre politique comme dans l’ordre économique. À certains égards, la situation rappelle plutôt celle des lendemains de la Première Guerre mondiale, à l’époque de la création de Chatham House et du Council on Foreign Relations, les deux grandes institutions qui nous ont servi de modèles en 1979 et qui célébreront bientôt leur centenaire.

Depuis un siècle, et surtout depuis la Seconde Guerre mondiale, le paysage de ce qu’il est de nos jours convenu d’appeler les think tanks s’est considérablement transformé et diversifié. À l’évidence, les espoirs naïfs d’un système international soumis au droit et aux méthodes de règlement pacifique des conflits avec l’aide d’institutions facilitatrices ont été déçus. Par ailleurs, le monde universitaire s’est progressivement approprié au moins une partie de l’activité d’analyse et de prévision qui était initialement le premier signe distinctif des think tanks. Et le monde des médias ne manque pas de journalistes talentueux qui marchent aussi sur le même terrain. Sans oublier que certains think tanks sont politiquement partisans et d’autres non, certains se réclamant de l’intérêt général et d’autres s’apparentant plutôt à des lobbies ou à des entreprises de communication, etc. En outre, le positionnement des think tanks n’est pas le même dans les démocraties libérales ou dans les pays autoritaires.

Si tant est que les think tanks de la planète forment une communauté attachée à promouvoir un nouvel ordre mondial viable dans la durée, ce qui reste à vérifier, on peut au moins affirmer que leur tâche est considérablement plus difficile que celle de leurs pères fondateurs, du moins telle qu’ils la concevaient. C’est pourquoi, à l’occasion de son quarantième anniversaire, l’Ifri propose à ses pairs de consacrer quelques efforts en commun pour réfléchir à la pertinence de notre métier, ce qui suppose d’abord de le définir correctement et de préciser nos méthodes de travail. Les quatre notes rassemblées dans le présent dossier ne constituent qu’une première contribution dans ce sens.

 

Cette étude est disponible uniquement en anglais : "What Is a Think Tank? A French Perspective".

 

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Think tanks