06
juin
2011
Éditoriaux de l'Ifri Repères sur la Turquie
Julien CECILLON

Les partis politiques turcs à la veille des législatives de juin 2011 Repères sur la Turquie, n° 7, juin 2011

Retour sur la scène partisane en Turquie à la veille des élections législatives : cadre d’existence, financement, sociologie et programmes dans la campagne de 2011.

Les partis politiques turcs à la veille des législatives de juin 2011

Les partis politiques en Turquie : variété et fragilité

La scène partisane turque témoigne à la fois de la vitalité et de la fragilité du processus démocratique turc. Certes, le nombre de partis politiques existants ou défunts fait de la Turquie un pays où un spectre très large d’opinions est traditionnellement représenté dans le débat public. Mais cette profusion de partis dessine aussi un paysage politique excessivement fragmenté, révélateur d’un multipartisme débridé depuis la fin du régime du parti unique, en 1950. Les partis politiques turcs ne vivent pas forcément longtemps, ils apparaissent et disparaissent en fonction des personnalités qui les mènent, des affaires qui les touchent, mais aussi des coups d’Etats ou des dissolutions prononcées par la Cour constitutionnelle. Des partis comme l’ANAP (Anavatan Partisi - Parti de la mère patrie) ou le DYP (Doğru Yol Partisi – Parti de la juste voie) qui dominaient la vie politique turque dans les années 1990 sont aujourd’hui quasiment absents du paysage. La longévité du CHP (Cumhuriyet Halk Partisi – Parti républicain du peuple), le parti kémaliste originel, créé en 1923, reste une exception. Aujourd’hui principal parti d’opposition, il est le plus ancien des partis politiques turcs, mais il a lui aussi disparu entre 1980 et 1992, date à laquelle il fut refondé.

Les interférences chroniques de l’appareil militaire et judiciaire dans la vie politique turque ont été à l’origine de la plupart des disparitions de partis. Une soixantaine de partis ont été dissous depuis les années 1950. Si tous types de partis ont pu être autoritairement dissous, notamment lors des coups d’Etats, les partis pro-kurdes, communistes, d’extrême gauche et les partis d’inspiration islamiste ont été les principales cibles des interdictions. Six partis pro-kurdes se sont ainsi succédés depuis 1991, chacun d’entre eux ayant été dissout puis systématiquement reformé après coup sous un nom différent.

 

Les partis politiques turcs à la veille des législatives de juin 2011
Mots-clés
Parti de la justice et du développement (AKP) élections législatives partis politiques Turquie
ISBN / ISSN: 
978-2-86592-889-7