Publié le 29/06/2015

Gabriel FELBERMAYR

L’économie allemande se caractérise par une très grande ouverture sur le monde, beaucoup plus que d’autres pays européens comme la France. Sa réussite économique dépend donc fortement de l’intensité des échanges commerciaux qu’elle entretient avec le reste du monde dans lesquels les États-Unis jouent un rôle primordial. Dans cette perspective, il semblerait logique que Berlin appelle de ses voeux la signature d’un accord de libre-échange entre les États-Unis et l’Union européenne.

Pourtant, un tel accord est loin de faire l’unanimité. C’est en effet en Allemagne que le TTIP rencontre à la fois le plus grand intérêt et le plus grand rejet dans l’UE. Les défenseurs d’un tel accord soulignent sans cesse l’impact positif que ce dernier pourrait avoir sur le revenu par habitant que ce soit aux États-Unis ou en Europe.

Les critiques en Allemagne se concentrent, quant à elles, principalement sur la question de la protection de l’investissement et sur les conséquences qu’elle pourrait avoir en Allemagne. Elles portent également sur la qualité des aliments qui serait censée chuter après la signature de l’accord. Certaines pensent également que la signature d’un tel accord conduira à une marginalisation des pays en développement ainsi qu’à une dégradation de l’environnement.

Même au sein de la classe politique allemande, le TTIP est loin de remporter l’unanimité. Alors que la coalition gouvernementale est globalement favorable au TTIP, malgré les réticences initiales du SPD qui a formulé des conditions à l’acceptation du TTIP, certains partis d’opposition comme Die Grünen et Die Linke sont fortement opposés à un tel projet.

 

Spécialiste des questions relatives au partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), le Professeur Gabriel Felbermayr est actuellement directeur de l’Ifo Zentrum für Außenwirtschaft et professeur d’économie, et en particulier, d’économie internationale à la Ludwig-Maxililians-Universität de Munich.