Publié le 07/10/2015
Vue du gazoduc Dampier-Bunburry à la station n° 7, près de Dampier, Australie occidentale

Marie-Claire AOUN, Sylvie CORNOT-GANDOLPHE

La politique gazière de l’UE doit composer avec un nouveau paysage aux niveaux de l’offre et de la demande. Cette étude revient sur cinq évolutions majeures récentes du marché gazier européen : les relations avec la Russie, le retour du GNL, la baisse de la production de Groningue, les évolutions contrastées du gaz de schiste et les perspectives de la demande gazière.

L’Europe de l’énergie doit faire face à de nombreux défis pour réussir sa transition énergétique, préserver sa compétitivité et sa sécurité d’approvisionnement. Si la Communication sur l’Union de l’énergie publiée en février 2015 offre aujourd’hui un nouvel élan à la politique gazière européenne, cette dernière doit composer avec un nouveau paysage, à la fois aux niveaux de l’offre et de la demande.

Du côté de l’offre, la nouvelle stratégie européenne doit désormais tenir compte de relations complexes avec la Russie. Les tensions entre la Russie et l’Ukraine et les sanctions économiques occidentales à l’égard de la Russie ont conduit Gazprom, le premier fournisseur de l’Union européenne (UE), à revoir sa stratégie vis-à-vis de l’Europe. Si le projet « Force de Sibérie » est déjà engagé, le grand tournant vers l’Asie tel qu’annoncé par Vladimir Poutine s’avère plus difficile que prévu, la Chine et la Russie n’arrivant toujours pas à trouver un terrain d’entente sur la route de l’Ouest. Alors que Gazprom semblait pendant un temps vouloir réduire sensiblement son implication dans les actifs gaziers européens, contrarié par les règles de libéralisation du marché, Moscou envoie aujourd’hui un message brouillé à l’Europe en annonçant d’abord le projet Turkish Stream livrant le gaz aux portes de l’Europe, puis le prolongement du gazoduc Nord Stream. Le regain d’intérêt du fournisseur russe pour le marché européen est révélateur de l’importance de ce débouché pour la Russie, puisqu’il lui procure l’essentiel de ses revenus gaziers.

L’Europe doit aussi faire face à un déclin plus rapide que prévu de sa production domestique. Le champ de Groningue aux Pays-Bas, principal producteur de gaz de l’UE, est l’objet d’importantes restrictions de production depuis janvier 2014 en raison de risques importants de secousses sismiques. Le gouvernement néerlandais doit ainsi préserver la sécurité des habitants de la région, sécuriser les approvisionnements gaziers du pays et respecter les obligations contractuelles envers les clients européens. Si le plafond annuel de production pour 2015 permet de satisfaire les besoins néerlandais et européens, en sollicitant davantage les stockages et les importations, l’incertitude sur l’évolution de la production future reste forte et réduit la visibilité sur le court/moyen terme de l’approvisionnement gazier européen.