Publié le 02/11/2016

Hans STARK, interviewé par Axel Gyldén dans l'Express

Hans Stark, dresse le bilan d'Angela Merkel et décrypte les évolutions au sein de son parti - la CDU - ainsi que dans le paysage politique allemand plus généralement.

Angela Merkel a-t-elle changé l'Allemagne?  

Elle a surtout transformé la culture et les moeurs de son propre parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU). Ce faisant, elle a fait évoluer tout le paysage politique. Autrefois, la CDU était une formation très conservatrice, plutôt machiste et dominée par des hommes, avec peu d'espace pour les femmes. Le parti est maintenant dirigé par une femme depuis seize ans, avec une autre femme comme candidate la plus sérieuse à sa succession: Ursula von der Leyen, actuelle ministre de la Défense. D'une façon générale, la CDU se féminise.  

 

D'autres évolutions?  

La CDU est un parti bien davantage libéral et proeuropéen, avec des idées empruntées tantôt aux sociaux-démocrates, tantôt aux écologistes. Après la catastrophe de Fukushima, elle a fait sien le thème de la sortie du nucléaire. Elle a également rompu avec la conscription, allant à l'encontre des valeurs traditionnelles de la CDU.  

L'accueil des migrants est un exemple encore plus flagrant. Au début des années 2000, le parti était fixé sur l'idée que les immigrés étaient des "Gastarbeiter", soit des travailleurs invités, qui avaient vocation à repartir. Désormais, l'Allemagne se conçoit comme un pays d'immigration au même titre que le Canada ou l'Australie. Bref, elle a carrément déplacé le curseur de la CDU au centre.  

Aujourd'hui, des sympathisants du Parti social-démocrate (SPD) et d'anciens électeurs des Verts sont prêts à voter pour elle. En contrepartie, elle est lâchée par la droite du parti, qui se tourne vers Alternative für Deutschland (AFD) [1], lequel prend aussi des voix aux autres partis, y compris de gauche.  

 

Sera-t-elle candidate en septembre 2017?  

Le congrès de la CDU, en décembre prochain, nous renseignera sur ce point. Pour ma part, je pense que oui. Certes, 4 Allemands sur 5 critiquent sa politique migratoire. Mais, en même temps, 3 sur 4 jugent son bilan globalement positif. Et elle reste populaire chez près de 1 électeur sur 2 - 48% exactement. C'est un socle solide.  

 

Lire cet interview ici [2].