Publié le 17/01/2017
Plate-forme de forage dans le golfe de Thailande / Shutterstock

Sylvie CORNOT-GANDOLPHE

L’Asie du Sud-Est est l’une des régions les plus dynamiques au monde et connaît une croissance économique et énergétique élevée. La demande d’énergie de la région devrait continuer sa forte croissance, augmentant de 75 % d’ici 2040, tirée par une économie régionale qui devrait tripler en taille et une population qui devrait croître de plus de 20 % d’ici 2040. 

Cette formidable croissance crée des défis environnementaux, financiers et de sécurité d’approvisionnement. L’ASEAN (Association of Southeast Asian Nations), qui s’est constituée en communauté économique depuis fin 2015, entend répondre à ces défis en améliorant la connectivité énergétique et la coopération régionale afin d’assurer la sécurité énergétique, l’accès à l’énergie pour tous à un prix abordable et la durabilité du mix énergétique. En particulier, dans les secteurs de l’électricité et du gaz, la région promeut l’intégration des marchés et un renforcement de la sécurité énergétique à travers deux projets : l’ASEAN Power Grid (APG) et le Trans-ASEAN Gas Pipeline (TAGP). Ces deux projets, lancés au début des années 2000, ont connu des évolutions et réorientations stratégiques importantes depuis 2013-2014.

L’APG a pour but d’aider les États membres à répondre à la forte croissance de la demande d’électricité et à améliorer l’accès aux services énergétiques dans la région en renforçant les échanges d’électricité transfrontaliers, en optimisant les capacités de production d’électricité, ainsi qu’en encourageant leur partage. Alors que les interconnexions électriques développées depuis la création du projet sont uniquement bilatérales, depuis 2014, l’ASEAN développe l’interconnexion sur une base multilatérale et projette de commencer le commerce d’électricité au niveau sous-régional d’ici 2018. La région étudie également la mise en place éventuelle d’un marché électrique régional fondé sur le modèle du marché des pays nordiques européens, Nord Pool.

Alors que le TAGP visait initialement l’interconnexion par gazoduc du réseau gazier de la région, les évolutions de l’industrie gazière régionale et mondiale ont conduit à une réorientation stratégique du projet. Face à la montée en puissance des importations régionales de gaz naturel liquéfié (GNL), le projet a été reformulé en 2013 pour intégrer l’accès aux terminaux de regazéification du GNL. Son orientation vise maintenant l’amélioration de la connectivité gazière au sein de la région afin d’accroître la sécurité énergétique et l’accessibilité au gaz naturel via les gazoducs et les terminaux de regazéification, favorisant ainsi l’utilisation du gaz dans la région.

Depuis le lancement des deux projets, l’interconnexion physique des réseaux électriques et gaziers s’est améliorée mais les contraintes institutionnelles et financières ont empêché la réalisation de l’objectif initial de réseaux régionaux intégrés. La réorientation vers l’intégration des marchés plutôt que l’intégration des réseaux, la mise en place des conditions financières, institutionnelles, réglementaires et techniques nécessaires à cette intégration, la démarche pragmatique et progressive adoptée par le plan d’action des projets, et la forte volonté politique au niveau de l’ASEAN de créer un marché énergétique intégré, devraient permettre à la région de réaliser son objectif et d’en tirer tous les bénéfices en matière d’utilisation optimale des ressources énergétiques régionales et de leur partage.

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