Publié le 12/02/2017
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Tatiana KASTOUEVA-JEAN, interviewée par FranceInfo

Deux ans jour pour jour, après la signature de l’accord Minsk 2, le conflit dans l’est de l’Ukraine perdure. Environ 10 000 personnes sont mortes ces trois dernières années. L’accord prévoyait pourtant l’arrêt des combats, mais "ça reste un conflit de basse intensité", selon Tatiana Kastouevajean, chercheuse à l’IFRI (Institut français des relations internationales). Selon elle, la nouvelle administration américaine fait peser une nouvelle incertitude sur la situation ukrainienne.

franceinfo : Deux ans après la signature de l’accord Minsk 2 entre les dirigeants de l’Ukraine, de la Russie, de la France et de l’Allemagne, les combats se poursuivent. Qu’est-ce qui bloque encore aujourd’hui ?

Tatiana Kastouevajean : Les négociations bloquent depuis deux ans sur la méthode. Kiev souhaite le retrait des troupes et des armements pour organiser des élections et un accord sur un statut autonome. Pour Moscou, c'est l'inverse. La Russie veut d’abord des élections puis le statut autonome, et seulement ensuite le retrait des troupes. C'est là-dessus que ça bloque.

Cela veut dire que l’accord n’est pas respecté ?

Il y a eu des avancées. Il y a eu énormément de travail de la part des diplomaties européennes. Kiev et Moscou ne sont pas des interlocuteurs très faciles. Mais sur le fond, c'est l’aspect politique qui compte. Et on est malheureusement loin de la résolution de la crise.

Depuis quelques jours, il y a une reprise des combats dans l’est de l’Ukraine, sait-on qui est à l'origine de ces violences ?

Il est très difficile de savoir qui est vraiment à l'origine de ces nouveaux combats. On explique cela par le contexte global et l'incertitude de la position de l’administration Trump sur le dossier. La nouvelle administration a envoyé des signaux très contradictoires. Il y a eu des déclarations en faveur de Kiev, notamment par la nouvelle représentante américaine à l'ONU. Et en même temps Donald Trump a exprimé sa volonté de partir sur de nouvelles bases dans ses relations avec la Russie. Les acteurs essayent donc de tirer la couverture chacun sur soi.

Que peut faire l’Europe aujourd’hui ?

L’Europe a mis l’accent sur le respect des accords de Minsk. En voyant le blocage, c’est vrai qu’on peut percevoir une certaine fatigue sur ce dossier. Il faut peut-être proposer une feuille de route pour aboutir à la réalisation de ces accords.

lire l'interview sur FranceInfo [1]