Publié le 27/02/2017

Benjamin AUGE

Les 15 millions de Nigérians qui ont voté pour l’actuel chef de la fédération nigériane ont été sensibles à ses promesses répétées d’appliquer des politiques radicalement différentes de celles de son prédécesseur, Goodluck Jonathan. 

Ancien militaire putschiste de 1983 à 1985, le nouveau président s’est fait élire après trois tentatives infructueuses (2003, 2007 et 2011) sur la base de deux principaux éléments : un programme de lutte contre Boko Haram et une volonté de combattre la corruption. Les pays occidentaux entretenant de fortes relations avec le Nigeria (les États-Unis, la Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, la France) ont été séduits par ce programme et ont considéré que Buhari avait des atouts pour s’attaquer rapidement et résolument à deux problèmes majeurs de la période Jonathan : la gabegie généralisée et le désintérêt profond pour le phénomène terroriste Boko Haram. Cependant, quasiment deux ans après l’élection du nouveau président nigérian, les difficultés du pays se multiplient (économie en berne, inefficacité du système judiciaire, prise de décision particulièrement lente, crise sécuritaire dans la région pétrolière sud-sud et sud-est). Le désenchantement est déjà palpable chez les Nigérians comme au sein des ambassades à Abuja.

Cette note se propose d’expliquer le mode de fonctionnement de la présidence Buhari en explorant le poids des réseaux officiels et officieux du leader de la première économie d’Afrique. Le rôle des personnalités clés à la présidence, dans les ministères, au sein de l’armée, des services de renseignement, au gouvernement ainsi que dans les sociétés d’État sera particulièrement développé ici. Ce travail sera aussi l’occasion de faire un point sur les personnalités n’occupant pas systématiquement un poste officiel mais qui ont pourtant une influence significative sur le président. La prise de décision, très lente, du président Buhari ainsi que ses méthodes de travail seront également mises en lumière grâce aux témoignages de personnalités qui le côtoient depuis des années voire des décennies. Nous tâcherons ainsi de décrypter la gouvernance de la présidence Buhari lors de sa première année et de fournir quelques pistes de réflexion pour les deux ans qui lui reste.