Publié le 28/02/2017

Mathieu PELLERIN

La problématique de la radicalisation religieuse s’est imposée au rang des priorités des États du Sahel depuis le milieu des années 2000 sous l’effet conjugué de deux dynamiques dont il n’est pas aisé d’identifier précisément les liens. 

La première tient à l’émergence de mouvements islamiques dits « réformistes », qu’il s’agisse de l’école hanbalite et de sa réinterprétation wahhabite, dont l’infusion au Sahel est allée crescendo depuis le début du xxe siècle via l’Arabie Saoudite, ou bien de la Jamaat’ Tabligh qui depuis les années 1980 s’étend dans l’ensemble des pays du Sahel avec plus ou moins d’intensité. La seconde est l’émergence du salafisme-djihadisme, trop souvent présenté comme le prolongement naturel du développement des mouvements réformistes, selon un continuum linéaire qui irait du wahhabisme au djihadisme. Si ce continuum peut effectivement trouver à se vérifier dans certains contextes, en faire une règle immuable revient à avoir une vision étriquée du salafisme et du djihadisme. Comme nous le verrons à travers le cas du Sahel, le salafisme est loin d’être la spécificité des wahhabites. Il concerne également l’école malékite, dominante au Sahel. Surtout, il apparaît que l’analyse des trajectoires de radicalisation au Sahel dément très largement l’idée que le djihadisme serait le prolongement du wahhabisme dans cet espace.