Publié le 10/07/2017

Carole MATHIEU

Cette étude évalue les options stratégiques dont dispose l'Europe pour peser dans la course aux batteries électriques, au regard des perspectives de demande pour la mobilité et le stockage stationnaire, de l'environnement concurrentiel international et des politiques de soutien à l'industrie domestique en Asie et aux Etats-Unis.

La technologie du stockage d’électricité par batteries semble promise à un grand avenir. Elle répond aux contraintes d’un réseau électrique accueillant une part croissante d’énergies renouvelables intermittentes, tout en ouvrant la voie à une réduction de l’empreinte carbone des activités de transport par leur électrification. Des progrès significatifs en termes de performance et de coût de fabrication ont été obtenus ces dernières années, notamment grâce à l’essor des équipements électroniques portables et le développement des solutions lithium-ion. La perspective d’un élargissement de la base de clients aux secteurs énergétique et automobile conduit à des investissements massifs dans les capacités de production. Les économies d’échelle et la pression sur les marges devraient à leur tour améliorer la rentabilité des batteries, et faciliter leur adoption en dehors des mécanismes de soutien public.

Une course au gigantisme est lancée, mais elle se joue principalement en Asie et, dans une moindre mesure, en Amérique du Nord. Dans ces régions, la puissance publique fait preuve de volontarisme pour encourager les acteurs industriels domestiques, sur un marché mondial certes prometteur mais aussi hautement risqué à court terme. Faute d’une réaction rapide, l’Union européenne (UE) pourrait voir sa demande intérieure captée par les géants extra-européens. Elle dispose d’atouts académiques et industriels indéniables mais elle risque de rester à l’écart des nouveaux marchés de masse, si elle ne concerte pas ses efforts pour accompagner la filière européenne des batteries. L’enjeu est double ; bénéficier du potentiel de création d’emplois et de richesses mais aussi prévenir une dépendance technologique majeure.