Publié le 28/08/2017

Claude MEYER, interviewé par l'Express. Propos recueillis par Emmanuel Botta

Le poids de la dette chinoise n'a jamais été aussi élevé. Elle a quasi doublé depuis 2008, pour atteindre 250% du PIB. Trois questions à Claude Meyer, conseiller au centre Asie de l'Ifri.

La Chine affiche une croissance meilleure que prévu sur le premier semestre 2017. Pourtant, le FMI s'est dit préoccupé par l'état de son économie... Comment expliquer cette apparente contradiction ? 

Certes, la croissance est plutôt bonne, mais le poids de la dette n'a jamais été aussi élevé. Cette dernière a quasi doublé depuis 2008, pour atteindre 250% du PIB. Une dette qui a surtout servi à subventionner les entreprises d'Etat en difficulté et les collectivités locales, qui peinent à financer le plan de relance de 500 milliards de dollars initié en 2008.

Existe-t-il un risque de crise financière ? 

Nombre de spécialistes craignent une crise majeure, mais je n'y crois pas. La Chine possède d'importantes liquidités, avec un taux d'épargne de 47% du revenu disponible, contre 15% en France. Par ailleurs, l'essentiel des crédits a été octroyé à des entreprises d'Etat par des banques d'Etat. Si les créances douteuses devenaient trop nombreuses, Pékin pourrait décider de recapitaliser les banques.

Cela montre néanmoins que la Chine peine à moderniser son économie... 

En effet, la transition vers une économie reposant davantage sur la consommation intérieure et les services tarde à se concrétiser. Si Pékin veut accélérer sa transformation, il va devoir augmenter ses dépenses sociales pour libérer de l'épargne. Aujourd'hui, la protection sociale est plus que parcellaire, et le ticket modérateur à la charge du patient reste très élevé. Les ménages chinois mettent donc de côté pour pourvoir à d'éventuels soucis de santé.

 

Lire l'interview sur L'Express.fr [1]