Publié le 26/10/2017

Barbara KUNZ, citée par Sabine Syfuss-Arnaud dans Challenges
De Berlin à Madrid, de Dublin à Bruxelles, le président français inspire les nouveaux leaders politiques. Grand vainqueur des législatives du 15 octobre en Autriche, Sébastian Kurz, 31 ans, est présenté par la presse de son pays comme le Macron local. 
Futur chancelier, le conservateur a en effet dépoussiéré et dynamisé son parti, menant une campagne autour de sa personne, avec pour tout logo « Diesmal Kurz », (Kurz, cette fois-ci). « A la Macron ! », pointe Armin Wolf, journaliste de la chaîne de television ORF.
Vienne n'est pas la seule capitale où le président français fait figure de modèle. A Dublin, le « Macron irlandais » s'appelle Leo Varadkar.  Ce centriste, indien par son père, a été nommé Premier ministre en juin, devenant à 38 ans le plus jeune dirigeant de l'histoire du pays. En Belgique, Benoît Lutgen a été surnommé le « Macron wallon », pour s'être affranchi du parti socialiste. Le quotidien De Morgen commentait en juin : « Le président français a dû lui aussi planter un couteau dans le dos de son propre camp et de son président, avant de connaître le triomphe ».

Certains de ces émules sont aux portes du pouvoir. Comme en Espagne, Albert Rivera, 37 ans, patron du parti centriste Ciudadanos, soutien du gouvernement Rajoy et social-libéral assumé.  Et comme en Allemagne, ou le publicitaire et président des libéraux (FDF) Christian Lindner, 38 ans, vient de signer le grand retour de son parti au Bundestag.  Fort de 10,7% aux législatives, ce play-boy de la politique fait de la surenchère dans les négociations de coalition que la chancelière a ouvertes le 18 octobre.

Alternative aux populistes

Au-delà d'un renouvellement générationnel, le succès de ces jeunes leaders a, selon Thierry Chopin, directeur des études de la Fondation Robert Schuman, une autre explication « ils se présentent comme capables de briser le consensus bipartisan du système politique et de surmonter l'épuisement des partis traditionnels, en offrant une alternative aux forces populistes, voire extrémistes ».

Pour Barbara Kunz, politologue à l'Ifri, la Macronmania illustre par ailleurs « le déclin de l'influence des Etats-Unis sous Donald Trump. Durant la campagne présidentielle, la presse allemande avait décrit Emmanuel Macron comme le Obama ou le Kennedy français ».  Elle observe toutefois que  « c'est la marque Macron qui semble attirer, parfois de façon superficielle, et souvent sans lien direct avec le programme du président de la République ».

Si ces adeptes du chef de l'Etat ont en commun d'être des pros des réseaux sociaux et d'exécrer le politiquement correct comme la social-démocratie molle, ils piochent a leur guise dans différentes facettes du personnage. Selon les cas, ils se réclament de sa jeunesse, de son parcours express, de son centrisme, de sa volonté de réformer, souvent aussi de son côté « chamboule tout » transgressif et de son langage décomplexé. Tous en revanche ne partagent pas ses idées européennes. L'Allemand Christian Lindner et l'Autrichien Sébastian Kurz ont déjà annoncé qu'une fois aux manettes, ils seraient vigilants sur l'approfondissement de la zone euro, qui en aucun cas ne devra aboutir à une inflation des dépenses.

D'anciens dirigeants pas trop vieux, imaginent également faire un comeback, au nom du macronisme. En Grande-Bietagne, face au désastre du Brexit, beaucoup rêvent d'un troisième parti, europhile, emmené par un leader providentiel. Le 15 octobre, The Times évoquait George Osborne, ex-ministre des Finances, qui « pourrait revenir dans la politique comme le Macron britannique ». A Rome, c'est Matteo Renzi, l'ex-Premier ministre bulldozer, qui fait le même rêve. Le plus amusant, c'est qu'a l'automne 2016, juste avant qu'il ne perde son référendum et le pouvoir, il était LE modèle international du candidat d'En marche !

 

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