Publié le 24/04/2018

Thomas GOMART, entretien réalisé par Thomas Delage pour le magazine Diplomatie

Quelles sont les principales caractéristiques de la politique étrangère d’Emmanuel Macron ? S’inscrit-elle dans la continuité de celle de ses prédécesseurs ? Thomas Gomart, directeur de l'Ifri revient sur la diplomatie française selon Emmanuel Macron.

Selon vous, Nicolas Sarkozy et François Hollande entretenaient une confusion permanente entre politique étrangère et communication politique. En revanche, Emmanuel Macron aurait remis la notion d’intérêt national au centre de sa politique étrangère. Pouvez-vous développer votre point de vue ?

T. Gomart : Vous faites sans doute allusion à l’ouvrage collectif Notre intérêt national [Odile Jacob, janvier 2017], qui constatait une ellipse de la notion d’intérêt dans le discours de Nicolas Sarkozy et François Hollande. Ellipse ayant conduit à un discours surtout orienté vers la promotion des valeurs. Cet ouvrage visait à rappeler qu’une politique étrangère comme celle de la France se construisait fondamentalement autour de ses intérêts, de ses valeurs et de ses alliances. Il visait également à souligner les conséquences d’une exploitation de la politique étrangère à des fins de communication politique intérieure. Cela dit, cette dernière ne résume évidemment pas

l’action de Nicolas Sarkozy et François Hollande, qui ont eu, l’un et l’autre, à gérer des crises majeures. Chez Emmanuel Macron, on sent une parole beaucoup plus maîtrisée et calibrée sur les dossiers internationaux, ainsi qu’un grand soin porté aux discours et à leur mise en scène. Depuis mai 2017, il s’efforce de rehausser la fonction présidentielle sur le plan intérieur comme sur le plan extérieur. Sur le plan conceptuel, il a rééquilibré le discours entre alliances, valeurs et intérêts au profit de ces derniers. À l’instar d’ailleurs de ce que l’on peut observer dans le discours des principaux dirigeants internationaux.

 

Quelles sont les principales caractéristiques de la politique étrangère d’Emmanuel Macron ? S’inscrit-elle dans la continuité de celle de ses prédécesseurs ?

La réponse est évidemment oui. Une politique étrangère, c’est surtout une affaire de continuité, beaucoup plus que de rupture, car elle est la conséquence de l’histoire, de la géographie, des moyens humains et matériels, ainsi que du contexte national et international. Une politique étrangère comme celle de la France est un héritage qui ne peut pas, du jour au lendemain, changer complètement de cours, mais qui peut et doit à la fois s’adapter à l’environnement régional et international et en même temps essayer autant que faire se peut de modifier – en fonction de ses intérêts, en fonction de ses valeurs, en fonction de son système d’alliances – cet environnement. Les deux actifs les plus visibles de cet héritage sont évidemment le siège de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies et le statut de puissance nucléaire...


Entretien réalisé par Thomas Delage pour le magazine Diplomatie [1] le 28/02/2018


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