Publié le 20/06/2018
Des manifestants hostiles au CETA, le traité de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne.

Laurence NARDON, chronique parue dans Réforme

L’Italie refuse de ratifier l’accord CETA. Où va le commerce mondial ?, interroge la spécialiste des États-Unis Laurence Nardon. Le nouveau gouvernement italien vient d’annoncer qu’il ne ratifierait pas l’Accord économique et commercial global (CETA) signé fin 2016 par le Canada et l’Union européenne et qui doit maintenant être ratifié par les États de l’UE et les provinces canadiennes.

Ce traité est victime du vaste retour de balancier en cours dans les pays développés à propos du libre-échange. Porté par les accords du GATT puis de l’OMC, le principe du libre-échange a été la panacée de l’économie mondiale après 1945.

Avec l’entrée de la Chine dans l’OMC en 2001, les échanges de biens et services ont été mondialisés. La délocalisation de la production dans les pays en développement à bas salaires y a fait sortir de la pauvreté des millions de familles. En Occident, si les élites se sont enrichies, les ouvriers dont les usines ont fermé et qui n’ont pu se former à de nouveaux métiers dans le secteur tertiaire sont restés sur le carreau.

C’est sur leur souffrance que les populistes de droite comme de gauche ont fait campagne ces dernières années. Ainsi, l’administration Trump remet en cause tous les accords commerciaux auxquels les États-Unis sont liés : l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), le Partenariat transPacifique (TPP), le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), mais aussi l’accord conclu avec la Corée du Sud (KORUS). La contestation vient aussi des écologistes et des partisans de la décroissance. Les opinions publiques européennes accusent le CETA de promouvoir un modèle économique énergivore, de faire entrer des produits alimentaires dangereux et de ne pas assez protéger les filières AOP.

Les gouvernements libéraux de Justin Trudeau, Emmanuel Macron et Angela Merkel peuvent-ils convaincre leurs opinions que le libre-échange reste un bienfait ? Ils doivent exiger un respect des règles de l’OMC par tous les pays. La Chine, par exemple, devrait respecter à la lettre les droits de la propriété intellectuelle, du travail et de l’environnement. Par ailleurs, ils doivent prendre véritablement soin des victimes de la désindustrialisation en leur offrant des formations dignes de ce nom.

 

Voir l'article sur le site de Réforme [1]