Publié le 03/09/2018

Benjamin AUGE

Les découvertes gazières en Méditerranée orientale ont bouleversé les perspectives énergétiques des pays concernés qui s’enfonçaient de plus en plus dans la dépendance aux importations. Elles ont et auront de profondes implications sur les équilibres géopolitiques et économiques régionaux.

L’Égypte était jusqu’au début des années 2010 un exportateur de gaz, mais la croissance de sa demande intérieure et l’insuffisance de sa production l’ont contrainte à cesser ses exportations et à importer du gaz naturel liquéfié (GNL), entraînant des surcoûts importants alors que son économie était déjà fragilisée.

Israël avait commencé à importer du gaz égyptien en 2007 et a subi les conséquences de la baisse régulière de la production en Égypte : en dépit des contrats passés, Le Caire ne pouvait ainsi plus exporter le moindre mètre cube en Israël. Cela a également lourdement affecté la Jordanie qui importait également du gaz égyptien. Depuis 2015, la Jordanie est contrainte d’importer au prix fort du GNL, notamment qatari, via son port d’Aqaba.

Cette situation a changé avec la découverte d’importants gisements offshore par Israël – qui a perdu beaucoup de temps pour mettre en place un cadre réglementaire, politique et fiscal mettant d’accord tous les acteurs locaux (politique, économique) pour développer ce gaz –, mais aussi en Égypte et dans une moindre mesure, au large de Chypre. En l’espace de dix ans, ces pays qui se préparaient à être importateurs de gaz, exposés aux aléas des fournisseurs et des marchés mondiaux, envisagent désormais leur indépendance gazière, une sécurité d’approvisionnement dans un contexte de consommation intérieure en forte croissance et même l’exportation dans la région et potentiellement vers l’Europe, d’un surplus, qui s’annonce significatif.

 

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