Publié le 07/09/2018

Roland POURTIER

La République démocratique du Congo (RDC) n’a pas effectué de recensement de sa population depuis 1984. En dépit de quelques enquêtes démographiques plus récentes, le flou règne sur les chiffres de population, certaines organisations non gouvernementales (ONG) ajoutant à la confusion.

Faute de données fiables, chaque élection suscite la polémique sur le nombre d’électeurs enrôlés sur les listes électorales. L’effectif total de la population, estimé par les Nations unies et par l’Institut national de la statistique congolais semble relativement cohérent (à quelques millions près). En revanche, une grande incertitude pèse sur sa répartition spatiale, les mobilités étant difficiles à évaluer faute d’un recensement exhaustif.

Au-delà des chiffres, la question cruciale est celle du lien entre démographie et développement. La RDC fait partie des pays ayant la plus forte fécondité mondiale et, par conséquent, présente l’un des plus forts taux de croissance démographique, la mortalité ayant beaucoup reculé en quelques décennies. Cela pose la question de l’insertion des jeunes dans l’activité économique, question clé du développement et de la paix sociale. La RDC aspire à devenir un pays émergent. Or tous les pays émergents ont accompagné leur croissance économique d’une transition démographique radicale grâce à la « révolution contraceptive ». À cet égard, la RDC accuse un grand retard. Une prise de conscience des autorités politiques se fait jour cependant, reconnaissant que le « dividende démographique » n’est envisageable qu’avec une baisse significative de la fécondité.