Publié le 01/07/2018

Clélie NALLET, Jean-Nicolas BACH

La notion de « classe moyenne » a été de plus en plus utilisée depuis les années 2010 pour identifier les changements sociaux survenus dans les pays africains, y compris en Éthiopie. Cependant, cette catégorie elle-même est difficile à définir et a été retenue pour décrire des dynamiques socio-économiques très diverses.

Cet article présente une manière originale de considérer la « classe moyenne », en se focalisant sur ce que cette catégorie est supposée générer pour les différents acteurs qui l'utilisent. Nous défendons l'idée que le débat sur la composition sociale de la « classe moyenne » ne peut être poursuivi sans déconstruire et discuter auparavant le pourquoi, le comment et le par qui cette catégorie est utilisée. Puisque la notion de classe moyenne reste subjective et est créée localement dans tous les pays, notre recherche se concentre sur les différents points de vue et discours employés par des acteurs externes et internes et sur les implications politiques de telles définitions dans le contexte de l'Éthiopie. En analysant à la fois les discours internationaux et les points de vue des dirigeants éthiopiens, nous démontrons qu'une fluidité de la notion de « classe moyenne » existe profondément ancrée et interprétée dans des contextes institutionnels, idéologiques, et sociaux spécifiques, et qu'elle sert en même temps des ambitions politiques et économiques. A cet égard, le cas de l'Éthiopie révèle à quel point des acteurs divergents ont favorisé cette même catégorie avec de grandes différences dans leurs interprétations et leurs attentes. Nous soutenons donc que le concept de « classe moyenne » reste utile sur le plan analytique si celui-ci n'est pas considéré comme une catégorie objective mais plutôt comme étant une catégorie politiquement construite.

 

L’article est disponible en anglais sur le site de African Affairs [1]