Publié le 08/11/2018

Eileen KELLER

La présente note analyse les efforts de la France et l’Allemagne pour réformer en profondeur l’Union économique et monétaire européenne, fréquemment appelée Union monétaire européenne. Ces efforts ont abouti en juin 2018 à la déclaration de Meseberg. Cette note les replace dans le contexte des tentatives de réformes passées et des différentes options envisageables. Elle évoque les lacunes économiques et institutionnelles de la monnaie commune et s’interroge sur la problématique de la faisabilité politique.

« De Meseberg à nulle part » est l’expression employée par Werner Mussler, correspondant économique de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) à Bruxelles, peu après le sommet des chefs d’État et de gouvernement européens fin juin, pour prédire le sort réservé à la déclaration commune du président français et de la chancelière allemande. Cette déclaration âprement négociée a été présentée le 19 juin dans la résidence d’hôtes du gouvernement fédéral à Meseberg, aux portes de Berlin. Les critiques de Werner Mussler portaient aussi bien sur les propositions de compromis visant à renforcer la zone euro que sur leurs chances d’être effectivement mises en œuvre.

Les négociations sur l’évolution future de la zone euro traversent de toute évidence une zone de turbulences. On est cependant amené à tirer une conclusion différente, car les réformes proposées dans la déclaration, même si elles n’ont pas encore été détaillées, s’appuient sur des motivations économiques et politiques solides. Soyons francs : les négociations sur l’Union monétaire ont toujours été difficiles en raison des différences de concepts économiques et des intérêts et besoins économiques divergents. Les dirigeants qui ont signé la déclaration sont cependant des personnalités politiques exceptionnelles, qui ont déjà démontré leur aptitude à gérer et faire aboutir des négociations difficiles. Et encore faudrait-il qu’Angela Merkel reste au pouvoir.

Eileen Keller est spécialiste des questions économiques à l’Institut franco-allemand (dfi) de Ludwigsbourg. Ses activités de recherche, de publication et d’enseignement la conduisent à intervenir régulièrement sur les politiques économiques et financières de la France et de l’Allemagne et sur l’intégration financière et économique en Europe. 

Cette publication est également disponible en allemand sur le site de l'Institut franco-allemand [1]Von Meseberg nach nirgendwo? Deutsch-französische Impulse für die Eurozone. (PDF [2])

Cette publication est également disponible en anglais From Meseberg to Nowhere? A Franco-German Impetus for the Eurozone [3](PDF [4])