Publié le 21/01/2019

Françoise NICOLAS, interviewée par Antoine Reverchon pour Le Monde Hors série

"Nouvelles routes de la soie", présence navale, investissements massifs, diplomatie commerciale...Pékin étend son emprise sur la planète, mais cet expansionnisme n'est pas exempt de faiblesses.

Françoise Nicolas étudie depuis des années l'évolution des relations entre la Chine et les pays du Sud-Est asiatique. Elle a pu ainsi mesurer comment la dialectique des relations commerciales et des influences politiques modifie peu à peu les équilibres stratégiques et économiques régionaux, y compris au delà du voisinage immédiat de la Chine.

La Chine déploie ses « nouvelles routes de la soie », maritimes et terrestres, sur la planète. Elle accroît sa puissance et sa présence militaire navale, depuis sa façade maritime jusqu'à l'océan Indien. Sa diplomatie commerciale et ses investissements sont présents sur tous les continents. Est-elle en train de conquérir la place de puissance hégémonique mondiale ?

La Chine a indéniablement une vision stratégique mondiale assez structurée, en particulier depuis l'arrivée du président Xi Jinping au pouvoir. Ce n'est pas forcément une stratégie totalement définie ni finalisée, mais elle suit un mot d'ordre assez simple : rendre à la Chine la place qu'elle avait dans le monde avant l'empiétement des Européens sur sa souveraineté, à partir du milieu du XIXe siècle. Cette stratégie a donc un récit, un « narratif », celui de la « régénération », mais sur le terrain les pratiques sont très variables. Les Chinois modifient leurs comportements au fur et à mesure des réalités qu'ils rencontrent...

Mais n'est-ce pas une rupture radicale avec la position antérieure de Pékin qui, encore sous Deng Xiaoping, se voulait « modeste » et renonçait à toute intervention dans les affaires du monde, sauf à ses frontières immédiates ?

En effet. Les dirigeants chinois estiment maintenant avoir les moyens économiques de leurs ambitions, et pouvoir sortir de leur attentisme traditionnel pour passer à l'offensive, et projeter l'influence chinoise dans le reste du monde. Car au-delà des infrastructures lourdes - ports, routes, chemins de fer- des « nouvelles routes de la soie » (Belt and Road Initiative, BRI), il y a bien une volonté de répandre les normes chinoises, les manières de faire chinoises.

La totalité de l'article est à lire dans Le Monde Hors série - Le bilan du Monde 2019 [1].