Publié le 11/01/2019

Céline PAJON, citée par Sophie Louet et John Irish, pour Reuters, dépêche publiée par La Tribune

La France, qui ambitionne de valoriser sa présence dans la zone Indo-Pacifique, courtise le Japon avec l'objectif de donner une nouvelle impulsion au partenariat militaire amorcé en 2013, à la fois dans les domaines opérationnel et industriel.

Les ministres français et japonais de la Défense et des Affaires étrangères se retrouvent ce vendredi à Brest, siège de la seconde base navale française, pour la 5e édition du "2+2".

Cet échange diplomatico-militaire instauré en 2014, sans équivalent en Asie, répond à l'ambition de Tokyo d'affirmer son rôle sur la scène internationale, singulièrement dans les opérations de maintien de la paix, la lutte contre le terrorisme et la piraterie, et de s'assurer des appuis face à un contexte géopolitique tendu par les visées expansionnistes chinoises.

Pour Paris, il s'agit de marquer des points dans l'Indo-Pacifique où sa zone économique exclusive, la deuxième au monde, couvre près de neuf millions de km2, et de favoriser une gestion multilatérale des tensions régionales : prolifération nucléaire, développement des cellules djihadistes en Asie du Sud-Est, violation du droit maritime en mer de Chine méridionale...

"Emmanuel Macron a plaidé en 2018 pour un axe Paris-New Delhi-Canberra, le Japon fait partie de cette approche indo-pacifique à la française qui doit encore se concrétiser", relève Céline Pajon, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

L'ÉCRASANT ALLIÉ AMÉRICAIN

Les avancées demeurant timides, les deux pays devraient marquer leur volonté de donner de la consistance à l'accord de transfert d'équipements et de technologies de 2016 et à l'accord de soutien logistique mutuel (ACSA) signé en juillet 2018 à Paris, selon une source diplomatique japonaise.

Le projet de coopération, jusqu'ici en souffrance, pour le développement de drones sous-marins détecteurs de mines devrait entrer dans sa phase concrète sous l'égide de Thalès et Mitsubishi Heavy Industries.

Depuis la levée, en avril 2014, de l'interdiction des exportations d'armement que le Japon s'imposait depuis 1967, les industriels français, comme Thales et Naval Group, s'efforcent de se positionner sur ce marché. "Il y a eu de fortes attentes côté français en 2014, des coopérations industrielles sont en marche, mais ça reste encore modeste", précise Céline Pajon.

"On constate que le Japon reste très centré sur son allié américain, ce d'autant plus que Donald Trump met la pression sur Tokyo pour réduire son déficit commercial", explique-t-elle.

Pour le Premier ministre Shinzo Abe, promoteur d'un "pacifisme pro-actif" prudemment affranchi de la Constitution de 1947 qui interdit en théorie le droit de belligérance, "acheter de l'armement aux Etats-Unis, c'est une manière de combler ce déficit, de montrer sa bonne volonté."

Le gouvernement japonais, qui dispose selon IHS Markit du 8e budget militaire mondial (la France étant 6e), a annoncé en décembre une hausse budgétaire, à quelque 198 milliards d'euros, pour son équipement sur les cinq prochaines années, avec une commande de 45 chasseurs furtifs F-35 à l'américain Lockheed Martin, en plus des 42 déjà commandés et assemblés au Japon.

Lire la totalité de l'article sur le site de La Tribune [1].