Publié le 11/03/2019

Benjamin SCHRAVEN

L’Allemagne met l’accent sur la politique du développement pour gérer les causes de fuite et les migrations irrégulières, afin d’ouvrir aux migrants (potentiels) des perspectives pour les inciter à rester dans leurs pays d’origine, essentiellement à travers des mesures pour favoriser l’emploi. L’objectif est de dissuader les candidats à l’émigration d’entreprendre un voyage périlleux vers l’Europe, et notamment vers l’Allemagne.

L’instrumentalisation de la coopération au développement pour « lutter contre les causes de fuite » n’est pas nouvelle, l’Allemagne ayant commencé à y réfléchir dès les années 1980. Pourtant, la logique envisagée va à l’encontre des conclusions des spécialistes des questions migratoires et de développement. L’interaction entre développement (socio-économique) et migration est en effet positive : lorsque l’emploi et les salaires augmentent dans un pays en développement, la migration internationale se développe.

On en conclura que la politique allemande du développement doit intervenir de façon plus énergique dans les processus migratoires (réguliers), en respectant strictement les grands principes de la coopération au développement, et notamment les droits humains. La coopération pourrait sinon contribuer involontairement, mais activement aux futurs processus de fuite et de migration irrégulière.

Benjamin Schraven, né en 1978, a fait des études de sciences politiques ; il a soutenu sa thèse de doctorat de recherche en développement en 2010 à l’université Friedrich-Wilhelms de Bonn. Il est depuis 2011 Senior Researcher au Deutsches Institut für Entwicklungspolitik (DIE) à Bonn.

 

Cette publication est également disponible en allemand [1] ,,Fluchtursachenbekämpfung: Die deutsche Debatte“ et anglais [2] “Tackling the Root Causes of Displacement: the German Discourse”.