Publié le 16/09/2019

Marc-Antoine EYL-MAZZEGA, invité de Caroline Roux dans "C dans l'air" sur France 5

Une attaque de drones ou de missiles a provoqué des incendies dévastateurs dans deux importantes installations pétrolières du géant public Aramco, en Arabie Saoudite, premier pays exportateur mondial d’or noir, ce samedi 14 septembre. Cette frappe aérienne a été revendiquée par les rebelles houthistes du Yémen, soutenus par les Iraniens. Les conséquences économiques et diplomatiques sont préoccupantes : le cours du pétrole a fortement augmenté et les tensions entre les États-Unis et l’Iran sont toujours aussi vives.   

La société pétrolière touchée a dû suspendre environ la moitié de sa production, correspondant à 5% de la production mondiale de pétrole. C’est ainsi la baisse de production de pétrole la plus soudaine jamais enregistrée : le cours est monté de 10 % à 66 dollars le baril. Cette hausse spectaculaire pourrait se traduire par une augmentation des prix à la pompe selon les professionnels du secteur.   En parallèle, cette attaque fait aussi ressurgir les tensions qui existent depuis des mois entre les États-Unis et l’Iran, notamment au sujet de l’accord sur le nucléaire. Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a accusé l’Iran d’avoir "lancé une attaque sans précédent contre l’approvisionnement énergétique mondial", remettant en cause la responsabilité des rebelles houthistes. "Des accusations et remarques aussi stériles et aveugles sont incompréhensibles et insensées", a répliqué le porte-parole iranien des Affaires étrangères, Abbas Moussavi. De son côté, le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a affirmé que son pays avait "la volonté et la capacité de faire face et répondre à cette agression terroriste", dans un entretien téléphonique avec Donald Trump.   En toile de fond de toute cette affaire, on retrouve la guerre au Yémen qui dure depuis 5 ans, provoquant la pire crise humanitaire au monde avec des dizaines de milliers de morts. Dans ce conflit, le gouvernement officiel yéménite est soutenu par les Saoudiens – eux-mêmes soutenus par les États-Unis – tandis que les rebelles houthistes sont appuyés par l’Iran. Cette attaque du 14 septembre, contre les installations pétrolières, fait craindre une accentuation des tensions régionales entre les différents protagonistes engagés dans cette guerre dévastatrice.   Alors comment ces sites stratégiques saoudiens ont-ils pu être frappés ? Quelle sera la réponse américaine ? Quelles conséquences cette attaque aura-t-elle sur le prix à la pompe ?     

Invités :

  • Pierre Servent, expert en stratégie militaire - Auteur de "50 nuances de guerre".

  • Agnès Levallois, consultante, spécialiste du monde arabe. 

  • Philippe Dessertine, directeur de l’Institut de Haute Finance.

  • Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur de Centre énergie de l’Institut Français des Relations internationales (IFRI).

 

> Revoir l'émission sur France 5 [1] ou ci-dessous [2]