Publié le 21/08/2019

Laurence NARDON

L'agressivité du président Trump envers les médias progressistes accompagne un mouvement plus ancien de polarisation des médias et de montée en puissance des fausses informations (infox) aux Etats-Unis. Alors que des groupes d'intérêts portent atteinte à la vie démocratique en disséminant des rumeurs sur les réseaux sociaux, les grands médias progressistes, aujourd'hui très hostiles au Président, luttent sans grande efficacité contre ce phénomène. L'opinion publique, notamment conservatrice, se méfie quant à elle de plus en plus de l'ensemble des médias. Quant aux responsables des réseaux sociaux, ils commencent à devoir rendre des comptes.

Président populiste et hors normes, Donald Trump s’en prend régulièrement à certains médias, une attitude en rupture totale avec les traditions américaines. En effet, la liberté d’expression et la liberté de la presse, garanties par le premier amendement de la Constitution, bénéficient d’un statut quasiment sacré dans le pays.

Mais le Président déteste ce qu’il appelle les « grands médias progressistes » (mainstream liberal media), qu’il accuse d’imposer à la société américaine une vision « politiquement correcte » au profit des élites diplômées et bien-pensantes des grandes villes. Son hostilité participe ainsi de sa posture anti-élites.

Reprenant une autre caractéristique des dirigeants populistes, Donald Trump cherche également à contourner les médias pour établir une relation directe avec le peuple. Son fil Twitter en est l’instrument privilégié. Cependant, au-delà de cette détestation, D. Trump réussit aussi admirablement à manipuler les médias de tous bords en dominant le cycle de l’information. Les médias traditionnels semblent jusqu’à présent impuissants autant face aux attaques du Président qu’à la propagation de fausses nouvelles.

Comment réagit l’opinion publique américaine ? Si elle s’informe de plus en plus par l’intermédiaire des sites en ligne et des réseaux sociaux, elle fait peu confiance aux médias en général – surtout du côté républicain. La société américaine dans son ensemble commence d’ailleurs à prendre conscience des risques démocratiques engendrés par l’utilisation massive des réseaux sociaux dans le cycle informationnel. La séquence politique inédite que connaît l’Amérique à l’heure actuelle voit donc fonctionner un triangle très complexe entre le Président, les différents médias et l’opinion publique.

 

 

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