Publié le 07/10/2019

Adel BAKAWAN, cité par Pierre Alonso, Frédéric Autran et Célian Macé dans Libération. 

La Maison Blanche a annoncé dimanche le retrait de ses troupes, ce qui pourrait entraîner une déstabilisation de toute la région. Alliées de longue date des Etats-Unis dans la lutte antijihadiste, les forces kurdes se retrouvent sans soutien, en première ligne face à un Etat qui les qualifie de «terroristes».

En quelques mots, Donald Trump a fracassé l’équilibre instable des forces en lutte dans le nord de la Syrie. Dans un communiqué laconique, dimanche soir, la Maison Blanche a annoncé le retrait des soldats américains présents le long de la frontière turque. Depuis 2015, ils y soutenaient les Forces démocratiques syriennes (FDS), composées en grande majorité de combattants kurdes, dans leur combat contre l’Etat islamique (EI). Le départ des troupes américaines laisse donc le champ libre à l’armée turque dans le nord-est syrien pour une «opération prévue de longue date», selon Donald Trump, qui précise même que celle-ci interviendra «bientôt». [...]

Au-delà d’une probable offensive turque et des affrontements meurtriers qui pourraient se dérouler dans son sillage, l’ONU redoute des déplacements massifs de population. 

  • «Ils ont déjà eu lieu lors de l’opération turque dans le canton d’Afrin, qui a provoqué un drame humanitaire, rappelle Adel Bakawan, chercheur associé à l’Institut français des relations internationalesD’un côté, Erdogan a clairement affiché sa volonté d’installer des réfugiés syriens dans cette région. De l’autre, le PYD [déclinaison syrienne du PKK turc, ndlr] martèle aux habitants kurdes depuis des années que le Léviathan turc cherche à les avaler : il est en capacité de vider, par la peur, les villes et les villages du Nord-Est.» Les déplacés pourraient rejoindre la zone qui reste sous contrôle kurde, ou même le Kurdistan irakien voisin. «On sent une panique totale, poursuit le sociologue, et une grande déception. La volte-face américaine fait écho, dans l’imaginaire kurde, à la trahison occidentale depuis le traité de Sèvres en 1920.» [...]
     

Lire l'article en intégralité sur le site de Libération. [1]